La transformation numérique comme on l'entend regroupe plusieurs dimensions, mais elles tournent toutes autour de la volonté des collaborateurs de disposer d'outils plus proches de ce qu'il connaît dans sa sphère privée, afin d'améliorer sa productivité grâce à une meilleure appropriation du système d'information mis à sa disposition.
L'exemple le plus frappant est sans aucun doute la place de plus en plus importante occupée par les réseaux sociaux dans l'entreprise, où comment le BtoC met un pied dans la sphère BtoB. Les réseaux sociaux d'entreprise se démocratisent à vitesse grand V et certaines entreprises autrefois réfractaires à l'usage de Facebook l'autorisent désormais à des fins professionnelles uniquement, afin de faciliter les échanges avec clients, prospects, partenaires, tous présents sur la plateforme de Mark Zuckerberg.
Ces nouveaux usages inspirent aussi les outils professionnels. Au niveau des départements achats, on voit ainsi se démocratiser le « social rating ». D'ordinaire, une entreprise note régulièrement ses fournisseurs sur un ensemble de critères donnés (livraison, qualité du produit, du service client.). Mais désormais, des plateformes existent afin de mettre en commun ses notes avec celles de nombreuses autres entreprises qui font appel aux services du même fournisseur, de la même façon qu'un site comme TripAdvisor permet de noter des hôtels ou des restaurants et de partager son avis avec l'ensemble des internautes. Autres articles
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L'arrivée de ces nouveaux usages en entreprise (et la volonté forte des utilisateurs de les imposer) apporte bien évidemment son lot de contraintes mais les bénéfices apportés par cette transformation dépassent de loin ses inconvénients. En termes de collaboration entre les différents départements d'une entreprise, c'est idéal : chacun peut publier ce qu'il fait, ce qu'il lit et faciliter l'utilisation d'outils par d'autres filiales du groupe ou par d'autres éléments de mon écosystème. Par exemple, si 200 acheteurs d'un grand groupe utilisent déjà une solution et en sont satisfaits, quoi de plus naturel pour les autres filiales de l'entreprise que de se pencher sur cette solution également ? L'outil qui revêt à la base uniquement un aspect « gestion des achats » devient alors une vraie plateforme de collaboration et de communication, plus flexible et plus ouverte.
Pour les métiers très mobiles comme celui d'acheteur, la transformation numérique qui s'opère refaçonne complètement leur quotidien. Les acheteurs perdent encore trop de temps à aujourd'hui dans des tâches administratives ou à valider des demandes d'achat à leur bureau, quand leur réelle valeur ajoutée est plutôt à aller capter l'innovation sur des salons ou être aux côtés de leurs fournisseurs sur le terrain au quotidien. Si toutes ses tâches administratives peuvent être effectuées à volée grâce à leur smartphone ou leur tablette, ils y gagneront en temps, en efficacité et en productivité. Aujourd'hui, la transformation numérique impacte surtout des métiers comme le marketing, avec la démocratisation du poste de directeur marketing digital. Au niveau des achats, la fonction de directeur digital achats n'apparaîtra probablement pas avant quelques années, le temps que le métier gagne encore en maturité à ce niveau-là.
Cependant, la transformation numérique reste une excellente opportunité pour les directions achats de se valoriser, en facilitant la communication de la valeur ajoutée auprès de leurs clients internes. Embrasser cette transformation au niveau des achats va permettre aussi de faire pénétrer l'innovation plus vite dans l'entreprise en intégrant mieux celle-ci si elle se trouve chez un fournisseur de rang 2 ou 3. La transformation numérique peut donc se targuer d'être un élément déterminant pour rapprocher plus que jamais, clients et fournisseur, et ce n'est visiblement que le début de la révolution.
A propos de l'auteur : Franck Le Tendre est directeur général de SynerTrade.