Pour sa première réalisation, Ryan Gosling n’a pas hésité à se laisser porter par ses nombreuses influences et collaborations antérieures, en particulier celles de Nicolas Winding Refn et Derek Cianfrance. D’un point de vue stylistique, le film ressemble d’ailleurs à s’y méprendre à une œuvre du réalisateur danois.
Il faut dire que la photographie de Benoît Debie (Enter the Void, Spring Breakers) est absolument somptueuse et nous gratifie de quelques plans nocturnes sensationnels. Des images magnifiques qui prennent une dimension totalement hypnotique avec les multiples compositions mélancoliques qui agrémentent le récit. C’est indéniablement l’une des grandes forces du film. Néanmoins, malgré le plaisir sensoriel immense que procure le long-métrage, la patte de Gosling ne transparaît pas assez à l’écran et l’impression de simple copie ne disparaît du coup jamais vraiment. Il en découle en finalité un film très attractif visuellement mais sans véritable identité, sinon celles qui ont inspiré l’acteur-réalisateur.
Avec Lost River, Ryan Gosling signe donc un premier film prometteur malgré des influences esthétiques qui auraient probablement mérité d’être davantage digérées. Le scénario est perfectible et les personnages un peu trop étouffés par le style, mais le pouvoir d’évocation de certains plans est assez extraordinaire et nous transporte sans mal dans un univers onirique envoûtant.