Depuis quelques jours, l'historien du droit et des institutions, Jean-François NIORT, Maître de Conférences à la Faculté des Sciences juridiques et économiques de la Guadeloupe, est au cœur d'une vive polémique initiée par les signataires (COSE, LKP, CIPN, MIR, FKNG) d'un tract le stigmatisant comme un révisionniste de l'histoire, aux motifs qu'il aurait mis en avant "le bon côté du Code Noir" et "l'humanité de l'esclavage", niant ainsi leur monstruosité.
Cette polémique a été relayée dans le journal France-Antilles par un article signé d'Élie DOMOTA et, sur le site internet CCN, par le journaliste militant se revendiquant du " mouvement " patriotique, Danick ZANDRONIS, dans un article ayant pour titre : JF Niort « historien » français, révisionniste et négationniste doit impérativement s’en aller ! et de dire d’emblée : « L’affaire est très grave et le masque est désormais tombé. JF Niort français résident dans notre pays, propagateur de thèses révisionnistes et négationnistes sur « le Code noir et son humanité »(sic) n’est en réalité qu’un agent au service du colonialisme français » (souligné par nous).
Pour la LDH Guadeloupe, la ligne rouge est franchie ! De tels propos ne relèvent pas de la critique, toujours la bienvenue, mais de l’invective et de l’insulte auxquelles s’ajoute la menace d’expulser « l’historien français » du territoire.
La LDH Guadeloupe considère que Jean François NIORT est devenu une cible, aux yeux de certains, et qu'à l'évidence, sa sécurité serait menacée dans la mesure où il ne se soumettrait pas aux oukases de Danick ZANDRONIS et consorts.
La LDH section de la Guadeloupe s'inquiète de la dangerosité de ce que recouvrent de telles injonctions pour le devenir de la Guadeloupe. Car, aux yeux des auteurs de ces différentes attaques, le défaut premier de Jean François NIORT serait d'être un non-guadeloupéen et qu'à ce titre, il n'a pas qualité, donc par essence, à étudier l'histoire coloniale de la Guadeloupe, singulièrement celle du Code Noir et à en faire un objet de recherches .
Au-delà de ce soubassement raciste, la LDH constate que d'autres historiens, eux d'origine guadeloupéenne, sont également dans le "collimateur". Ce sont, indubitablement, des manifestations de xénophobie et de racisme, mais également d'une volonté d'obscurantisme. C'est à dire, en l'occurrence, que la recherche historique est sommée de se plier aux diktats d'une idéologie. Nous nous trouvons là devant un intégrisme d'ordre religieux, et sommes horrifiés de constater que cet intégrisme religieux-là trouve, en Guadeloupe, des ayatollahs qui s'autorisent à lancer de véritables fatwas.
La LDH considère, bien au contraire, qu'en histoire comme dans tout ce qui concerne l'Humanité, il ne saurait y avoir de vérité révélée ni de thèses "indépassables".
La LDH est convaincue de ce que les recherches et travaux de l'Universitaire, Jean-François NIORT, lesquels s'appuient sur des fondements documentaires, contribuent à éclairer nombre d'enjeux historiques, notamment le passé douloureux de la société coloniale guadeloupéenne. De telles recherches sont légitimes et de nature à enrichir l'indispensable connaissance d'une histoire trop longtemps occultée.
La LDH fait face, avec une grande vigilance, aux problèmes contemporains liés à la citoyenneté et à la défense des droits, surtout dans cette période troublée, aux conséquences graves, à laquelle la Guadeloupe n'échappe pas. Elle a la conscience aiguë de ce qu'ici, comme dans d'autres parties du monde, le pire est possible.
La LDH lance un appel à tous les Guadeloupéens de façon que, par un sursaut citoyen et selon les moyens dont ils disposent, la parole ou l'écrit, ils disent NON à la xénophobie, NON au racisme, NON à toute forme d'intégrisme. Elle leur demande d'affirmer, avec la plus grande détermination, leur attachement à la liberté, singulièrement dans le cas présent à la liberté dans la recherche scientifique.