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Pour les conchyliculteurs, la qualité des apports d’eau douce doit être prioritaire au sein du parc marin.© PHOTO XAVIER LÉOTYQuatre des soixante-dix membres du conseil de gestion, l'organe exécutif du Parc marin de l'estuaire de la Gironde et des pertuis charentais, seront des conchyliculteurs. Lundi prochain, le parc, encore lui, sera présenté en clôture du Salon national de la conchyliculture de La Tremblade (1). Le parc naturel marin, nul n'y échappe, depuis que Ségolène Royal a apposé sa signature sur le décret de création, le 4 avril dernier. Qu'en attendent ces professionnels qui, tout au long du week-end, vont rencontrer leurs fournisseurs à La Tremblade, dans un contexte de crise de mortalités des huîtres qui n'a jamais régressé depuis 2007 ?Pour l'heure, et c'est bien naturel tant le sujet est frais, les questions sont plus nombreuses que les certitudes. La question du développement des activités d'élevage est dans tous les esprits, qui dit la crainte d'une mise sous cloche. « Je suis assez inquiet des compétences dont se dotera ce parc, exprime le président du Comité régional conchylicole Poitou-Charentes, Gérald Viaud. Au sein d'un conseil de gestion de 70 membres qui expriment des besoins différents les uns des autres, comment cela se passera-t-il lorsque nous voudrons par exemple renouveler les titres de nos concessions d'élevage, ou faire évoluer notre travail dans les parcs ? »Sur une ligne proche, le Marennais Jean-Pierre Suire, président du Groupement qualité Marennes-Oléron (garant du respect des critères de la fameuse marque ostréicole) incite à la prudence, afin que la profession poursuive ses objectifs, dont celui « du maintien de la conchyliculture en l'état. » La question de la marge de manœuvre des professionnels est posée. Le parc n'entachera-t-il pas de lourdeurs administratives leur action ? Ne freinera-t-il pas des évolutions techniques ?Pression d'« écolos bobos » Au nord du département, le président du Syndicat des mytiliculteurs du pertuis Breton, Benoît Durivaud, résume l'inquiétude et lui donne un visage, celui des associations de protection dont les usages peuvent entrer en conflit avec ceux des conchyliculteurs : « On nous parle de développement durable, donc de développement. Or, on voit la pression que mettent sur le littoral les ayatollahs de l'écologie, les écolos bobos. Ils me laissent le sentiment que l'on veut nous mettre sous cloche. » Benoît Durivaud pointe ici le dossier de la Maleconche, ce projet porté par l'interprofession conchylicole d'élever sur filières, en eau profonde, devant Oléron. Plusieurs associations l'ont attaqué. Éleveur de moules à Marennes, Francis Baudet exploite le même filon, mais se demande, lui, si le parc ne serait pas un bienfait ? « Ne facilitera-t-il pas le dialogue en amont avec les associations environnementales et de plaisanciers, plutôt que de se retrouver au tribunal… »Et les hommes dans le parc ?Le même professionnel, par ailleurs président du Centre régional d'expérimentation et d'application aquacole, sait que cette structure, dans le cadre des études scientifiques et techniques que le parc pourrait déclencher serait prêt à répondre favorablement. Comme il le fait déjà, par exemple, pour le compte du Comité régional conchylicole et du Comité régional des pêches maritimes, sur les pratiques de cultures, la connaissance du marais de claires d'affinage, ou le suivi des coquilles saint-jacques. Mais Francis Baudet n'en demeure pas moins circonspect. « J'étais présent samedi dernier, lors de la signature du décret de création. J'ai entendu parler des espèces d'oiseaux, des poissons, mais pas des hommes, ces gens qui vivent du territoire du parc marin, et qui le façonnent. »L'adhésion n'est pas pleine et entière, c'est évident. Pourtant, à la crainte de la complication des démarches administratives, de l'empilement d'une strate administrative supplémentaire au millefeuille existant, s'oppose l'idée positive que le parc marin sera l'instrument de la protection des milieux naturels. « Il m'arrive de me promener entre Brouage et la tour de Broue, en plein marais, cette nature est merveilleuse, et je ne doute pas que le parc la protège », dit dans cet esprit Yves Papin, ostréiculteur trembladais à la retraite, qui garde toujours les deux yeux rivés sur l'horizon de la profession.« Périmètre de protection »Gérald Viaud transcrit le propos au plan de la gouvernance. Posant le pied sur l'idée que les conchyliculteurs sont des sentinelles du milieu, il espère voir ce rôle mieux reconnu au sein du parc qu'il ne l'était jusqu'alors. « Ce que je peux attendre du parc, c'est que nous soyons mieux respectés, espère le président national des conchyliculteurs. Il nous faut un périmètre de protection, avec des profils de vulnérabilité propres au problème des eaux conchylicoles. Si le parc est une garantie qualitative du milieu, c'est très bien. Mais s'il est une carte postale de plus, aucun intérêt. »Publié par Philippe Baroux 09/04/2015http://www.sudouest.fr/2015/04/09/si-le-parc-marin-leur-e-tait-conte-1885706-1392.php