Phénomène réel ou juste mythe ? La littérature scientifique est partagée avec néanmoins une tendance à identifier une baisse de mémoire et d’attention au cours de la grossesse et peu de modifications cognitives sur la période post-partum.
Les chercheurs de la Brigham Young University ont mené cette étude auprès de 21 femmes dans leur 3è trimestre de grossesse, âgées en moyenne de 25 ans, vs 21 autres femmes, témoins, âgées en moyenne de 22 ans, qui n’avaient jamais été enceintes. Les femmes ont passé 10 tests permettant de mesurer leurs capacités cognitives et leurs résultats neuropsychologiques (mémoire, attention, langage, capacités exécutives, compétences visuo-spatiales, humeur, anxiété, qualité de vie, bien-être et satisfaction générale). Les tests ont été répétés entre 3 et 6 mois après l’accouchement. Les femmes témoins, non enceintes, ont passé exactement les mêmes tests.
L’analyse constate, même si les femmes enceintes signalent une capacité de mémoire inférieure à celle des témoins (déclaratif),
· l’absence de différence entre les groupes en termes de capacité d’expression (langage) ou de mémoire,
· l’absence de différence de score entre les 2 groupes aux tests d’attention et de capacité visuo-spatiale,
· et, en termes de fonctionnement exécutif, si, au dépat des tests, les femmes enceintes semblent un peu plus lentes » à s’y mettre « , en fin de test, aucune différence significative n’est constatée entre les 2 groupes.
Un risque majeur, la dépression : Sur le volet » humeur « , en revanche les femmes enceintes signalent une baisse de la qualité de vie et présentent plus de symptômes dépressifs vs témoins. Ainsi, sur 21 femmes enceintes, 6 présentent ici des symptômes de dépression, et une après la naissance. Mais ces données obtenues sur un très faible échantillon n’ont que peu de signification.
Au final, ces résultats vont plutôt dans le sens de l’absence de différences cognitives entre les femmes enceintes ou post-partum vs témoins, même si les femmes enceintes déclaré plus de problèmes de mémoire. En revanche, l’étude rappelle l’importance de reconnaître l’humeur dépressive et les symptômes de dépression chez les femmes enceintes et dans les mois qui suivent l’accouchement.
Cependant, on ne peut ignorer tout effet du fœtus sur le cerveau de la mère. Une psychologue de la Chapman University qui a publié son analyse de la littérature dans la revue Current Directions in Psychological Science, a identifié certains liens, quoique complexes. En particulier, liés aux fluctuations hormonales pendant sa grossesse. La recherche suggérait même que les hormones de la reproduction préparaient le cerveau d’une femme aux exigences de la maternité, lui permettant d’être moins sensible au stress et plus sensible aux besoins de son bébé. Ces fluctuations hormonales justifieraient ces petits troubles dans le cerveau de la maman, des troubles de la mémoire avant et après la naissance. » Il pourrait y avoir des conséquences à ces changements cognitifs et émotionnels liés à la reproduction, mais leur bénéfice est une sensibilité et une efficacité accrues de la maman « .
Source:Journal of Clinical and Experimental Neuropsychology May 12 2014 DOI:10.1080/13803395.2014.912614