Chronique : « Y, Le Dernier Homme (T1 à 5) »
Scénario de Brian K. Vaughan, dessin de Pia Guerra, encrage est de Jose Marzan Jr.
Public conseillé : Ado-adulte – à partir de 12 ans
Style : Thriller, Anticipation, Post-Apocalyptique
Paru aux éditions « Urban Comics » (détail des 5 volumes en fin d’article)
Une histoire de fin de monde… et bien plus…
Publiée partiellement chez Sémic, puis reprise chez Panini, la série « Y : The Last man » est la première création majeure de Brian K. Vaughan. « Les Seigneurs de Bagdad » et « Ex Machina » annonçaient déjà un scénariste plus qu’intéressant et original – le second préfigurait déjà l’excellent dialoguiste – mais avec cette série, il fournit une œuvre d’une incroyable densité, résultat de cinq années de travail à partir de 2002.
Reprise depuis 2012 chez Urban Comics, dans la collection Vertigo Essentiels, cette série a trouvé l’écrin qui manquait à l’amplitude du travail fourni par Vaughan et son équipe composée de la dessinatrice Pia Guerra, et de José Marzan Jr. et de Goran Suduzka à l’encrage. Sans oublier le formidable Massimo Carnavale qui s’inscrit sur les couvertures des 60 épisodes de cette saga américaine d’anticipation (on pourrait faire un superbe recueil uniquement de ses splendides et inspirées covers !)
Vaughan ouvre les portes de son laboratoire afin d’explorer le comportement et l’évolution des différentes communautés de femmes qui s’organisent pour survivre, pour garder ce monde en état de marche, ou pour s’accaparer la présence de Yorick quand son existence, arrive à être révélée. Dans ce pari osé et original, il multiplie les dangers et les pistes sur tout le globe. Vaughan expose son survivant à des nids d’espionnes, d’agentes secrètes, de militaires plus ou moins conventionnelles comme à des sectes, des gangs, des pirates nées de cette ère nouvelle.
Yorick, le roi de l’évasion, se retrouve seul, embrigadé, caché, manipulé, hyper protégé, lui qui ne souhaite qu’une chose : retrouver sa fiancée, Beth, partie explorer l’Australie au moment du drame mondial.
Un long et magnifique roman graphique
Pour toutes les forces de ce nouveau monde, il est un enjeu considérable. Celles protectrices comme destructrices vont se multiplier autour du dernier mâle survivant. Et cette saga fleuve de 1 500 pages porte une multitude de questionnements, géo-politiques, sociétaux, scientifiques… Il est beaucoup question du pouvoir et de son expression face au libre arbitre que chacun devrait pouvoir exercer.
Portée par le dessin réaliste particulièrement élégant de Pia Guerra (saluée en 2008 par un Eisner Award – la série en recevra plusieurs), cette longue quête au goût de récit post-apocalyptique et d’errances bio-génétiques est une grande réussite, longue dramatique au ton amusé, sensible et souvent très drôle insufflé par Vaughan.
L’attachement aux personnages originaux, souvent touchants, aux profils très travaillés, est inévitable. Ces humain(e)s tiraillé(e)s entre devoir et doutes, intrigues et amours, parsemant l’ensemble de joutes verbales aux dialogues souvent irrésistibles font de « Y, le dernier homme » un incontournable d’une BD américaine majeure, absolument passionnant de bout en bout (avec assez peu de longueurs pour une telle distance !).
Yorick, ce roi de l’évasion, cet homme que son statut d’unique survivant masculin emprisonne dans ce monde de femmes, pourra-t-il retrouver sa liberté chérie ? Je vous laisserai tourner les dernières pages de ce graphic novel magistral pour le découvrir.
Y, le Dernier Homme (T1), Urban Comics, 26 octobre 2012, 256 pages couleur, 22€50
Y, le Dernier Homme (T2), Urban Comics, 22 mars 2013, 320 pages couleur, 28€
Y, le Dernier Homme (T3), Urban Comics, 25 ocotbre 2013, 320 pages couleur, 28€
Y, le Dernier Homme (T4), Urban Comics, 14 mars 2014, 296 pages couleur, 22€50
Y, le Dernier Homme (T5), Urban Comics, 28 novembre 2014, 320 pages couleur, 28€