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La part du feu - Emmanuel Roy

Publié le 20 février 2015 par Malaurie @jfbib

" La part du feu, c'est ce que l'on sacrifie pour sauver l'essentiel. L'amiante protégeait de presque tout, à moindre coût, pour un profit maximum. C'était l'essentiel. La part du feu, c'est l'écho de la parole de mon père, celle d'un enseignant mort d'un mésothéliome, cancer de l'amiante, cancer d'ouvrier. La part du feu, c'est l'inquiétude qui m'accompagne depuis sa mort et que je décide d'affronter aujourd'hui, dans des paysages contaminés, auprès de ceux qui éprouvent ce même sentiment, pour changer ensemble la peur en action. "

Le film se révèle être à la fois une enquête sur les méfaits de l'amiante et leurs réalités bien présente aujourd'hui et un objet mémoriel en hommage au père du réalisateur mort d'un cancer de l'amiante. En voix off, la lecture du journal que tenait cet homme face à sa maladie agrémente le parcours filmique en illustrant son combat. On découvre toute la complexité qu'il y a aujourd'hui à traiter les bâtiments qui contiennent de l'amiante, le difficile travail de prévention, qui bien que l'amiante soit interdite en France depuis la fin des années 1990, n'est pas encore acquis. L'amiante se trouve encore partout, dès lors que l'on fait des travaux de rénovation ou de démolition. La découverte de cette maladie a été une longue et complexe prise de conscience tant des médecins que des pouvoirs publics : c'est ce que révèlent le père du réalisateur et les personnes interviewées.

Le film oscille constamment entre le témoignage intimiste et le reportage documentaire avec interviews, reportage sur des chantiers de désamiantage. Les images qui accompagnent les lectures du journal de Mr. Roy sont conçues comme un retour à l'intime, au personnel, ce sont des images de paysages, souvent dans la nature avec le bruit du vent, des pas du caméraman. Quelques images d'archives familiales nous permettent de mieux entrer en compassion avec cet homme brisé par la maladie.

Ce film, en entremêlant le personnel et l'intérêt général, le public et l'intime, dresse un portrait sans concession de ce qui est devenu un scandale et que l'on cherche encore aujourd'hui à minimiser. Voici donc une œuvre documentaire utile et implacable pour continuer à dénoncer et surtout ne pas oublier ce qui a été et est encore un immense scandale industriel. Toutefois, le film est long et assez classique dans sa construction ce qui l'handicape un peu.


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