Disques du mois

Publié le 31 mai 2008 par Laurent Gilot @metalincmag
ELLEN ALLIEN
Boogybytes Mix Vol.04
(Bpitch/Pias)
Cela fait quelques années que la dijette Ellen Allien est l’ambassadrice d’un label, Bpitch Control, qui se veut pointu et exigeant en termes d’approche musicale et d’expérimentations synthétiques. Infatigable marathonienne de l’international clubbing, la berlinoise livre aujourd’hui le fruit de ses dernières programmations vinyliques et autres. À ce titre, il faut dire qu’elle envisage sérieusement de laisser tomber les galettes noires au profit d’un format nettement plus léger, le MP3. Une révolution pour cette stakhanoviste des platines qui passerait presque une gauloise irréductible résistant à l’envahisseur numérique dont la cause est, depuis quelques années, entendue. Ce quatrième volume de la série se distingue, une fois de plus, par le travail surprenant du photographe Axl Jansen. Côté musique, nous avons droit à un panorama de tout ce qui peut se faire en termes de musique minimaliste et rêveuse. Ce CD mixé est idéal pour une écoute domestique ou un début de soirée doucement chaloupée. Il contient suffisamment de moments dynamiques et d’atmosphères variées pour tenir l’auditeur en haleine tout au long de son écoute. Fidèle à son statut de défricheuse, Ellen réussit donc une compilation belle et envoûtante, hors des sentiers battus. On pourra difficilement se plaindre…
Laurent Gilot
KIKOSlave Of My Mind(Different/Pias)
Après le succès de son premier album et une aventure dans une major avec le projet Sinema, en compagnie de son acolyte de toujours Stéphane Deschezeaux, Kiko continuait à fournir régulièrement quelques pépites calibrées pour les dancefloors sur des labels plutôt allemands comme Datapunk ou Gigolo. On est assez content de le retrouver aujourd’hui aux commandes d’un second album qui condense l’ensemble de ses influences et de ses expériences soniques. D’entrée de jeu, le titre phare nous plonge dans des contrées hantées d’où émergent la voix très Depeche Mode de Benoît Bollini alias The Money Penny Project (voir You & Me sur Hot Banana). Ensuite on va plutôt faire un tour de l’autre côté du Rhin avec une techno qui doit sa couleur autant à Detroit qu’à Berlin (“Plaisir d’été”). On retrouve la passion du grenoblois pour les ambiances vaporeuses, transalpines et analogiques de Giorgio Moroder sur le très court “Shanel 78”. Puis, certains morceaux, comme “So Time”, “7 Minutes“ ou “Sunburn“, laissent poindre une mélancolie de fin de soirée. Le beat est toujours là mais les nappes et les mélodies témoignent de moments de fête presque révolus, déjà passés. Au final, entre les effluves EBM-new wave du réussie “World End Rock Up“ et les envolées élégiaques de “Alone In The Dark“, Kiko enivre et nous entraîne sur des rivages au pouvoir cathartique.
Laurent Gilot
Kiko, "Slave Of My Mind", directed by François Barbier