Pourquoi l'émission " The voice" a tant de succès et rassemble plus de 8 millions de têtes chaque samedi? J'ai lancé une recherche google afin de comprendre mais vu qu'au bout de 5 minutes, je n'ai lu aucune réponse experte qui fasse avancer le schmilblick, je propose mon hypothèse:
le succès de The voice est conjoncturelle, il n'aurait pas marché il y a plus de 5 ans.
Avant la crise économique, on était plus individualistes. Nos besoins primaires parfaitement comblés (shopping- nourriture- loisirs- crac- crac) selon la pyramide de Chamaslow, notre pouvoir à créer des déchets au top, il nous restait donc plus qu'à accéder aux niveaux supérieurs, soit le besoin d'estime et d'accomplissement. Or, comme vous le voyez sur le schéma, y'a pas de la place pour tous à ces niveaux. Plus on monte dans les étages, plus c'est étroit. Et oui, c'est une pyramide, pas un cube!
Tout petit déjà, on nous bassine avec l'idée que tout est possible. Prends- toi en main. c'est ton destin! Mais si tout le monde réussit, il n'y a plus de célébrité qui est en lien avec la rareté, l'exception. Il faut des gens en dessous qui achètent, écoutent, applaudissent les créations des "réussissants", des gens qui ne croient pas en leurs potentialités pour s' asservir à ceux du dessus. Si tout le monde se trouve merveilleux, qui ébouera mes rues et m'apportera mon petit café avec le sourire de rigueur?
Les émissions de télé- réalité ultra- jugeantes sont venus apporter une bonne leçon à tous ces jeunes bien nourris et élévés par des mères qui ont trop lu Dolto. Complimentés à tout va avant même d'être nés, ils ne veulent pas devenir des stars, ils sont déjà des stars. D'ailleurs , vous aussi, vous pensez que vous pourriez être une star. Il était temps de créer un anti- école des fans où le petit faisait rigoler en disant que Nana Mouscouri ressemblait à une sorcière, chantait en pétant les tympans d'un auditoire attendri qui a lu et relu Dolto et se payer un 10/10 en le croyant mérité.
Les émissions de cassage d'estime de djeun's avec ces fameuses "casseroles" passées en boucle était un réajustement de l'enfant- roi. Star Ac, nouvelle Star, X factor mettaient à l'honneur la critique négative. Il y avait sûrement beaucoup des critiques positives et intéressantes formulées par les professionnels mais coupées au montage car le téléspectateur est avide de voir l'autre tomber de son piédestal. Ca fait toujours une place de dispo au niveau 4 et 5 de la pyramide.
Les émissions de cassage d'estime ne se sont pas limitées à la musique mais à la cuisine, au look, etc. Plus que du voyeurisme, le concept central des producteurs c'est le besoin de voir l'autre effleurer son étoile et jouir du spectaclede sa chute au moment illusoire où il croyait la décrocher. endémolisateurs,
2008, crise économique . 2012 Peur accentuée du chômage, de l'avenir.
Entendre des gens se faire dégommer alors que la vie est si dure pour tout le monde, ça finit par peser sur les consciences. On pense plus à remplir notre caddy, retour au niveau 1 et 2 de Maslow. De quoi demain sera fait? Laissons les gens rêver, de toute façon même si ils gagnent l'émission, leur chance de percer dans le milieu est très faible. Le temps nous l'a prouve. En dix ans, combien de jenifers? D'Amel Bent? Combien de finalistes dont l'album promis n'a pas eu de publicité? Pas de quoi être jaloux de futurs perdants.
Alors les critiques sarcastiques des jurys, c'est cher payé pour un résultat quasi nul. Ca devient immoral, besoin de compassion et ... The voice arrive.
Alors the Voice, ça fait du bien, les jurys sont payés pour dire que du bien, se mettre à genoux, s'entretuer amicalement pour un chanteur inconnu. Renversement des rôles comme dans les plus beaux Walt Disney.
Pas de doute que ce concept ultra positif, "tout le monde il chante bien, tout le monde il est cool" va gagner le coeur des producteurs de toutes les chaînes. Le téléspectateur ne rit plus du bizutage de son prochain mais souhaite son bisoutage. Le téléspectateur qui fait l'audimat est roi. La roue tourne... jusqu'à la prochaine reprise économique?
Par contre, que TF1 soit obligé de récupérer des gens au Québec et ailleurs, des gens qui ont déjà eu une carrière avec des maisons de disque antérieure, ça me plait moins. C'est comme si on faisait un masterchef avec des titulaires du CAP cuisine. Il n'y a donc pas de monsieur et madame tout -le monde casté sous sa douche et qui ferait l'affaire sur nos 60 millions de compatriotes?