Le Président de la République a reconnu officiellement, et bien tardivement, lors d'un discours à la préfecture de Perpignan, la responsabilité historique de la France dans l'abandon des harkis en 1962. Il a notamment déclaré : " La France se devait de protéger les harkis de l'histoire, elle ne l'a pas fait. La France porte cette responsabilité devant l'histoire, c'est cette responsabilité que je suis venue reconnaître ici à Perpignan ".
Cette reconnaissance est incomplète car elle fait l'impasse sur le massacre des harkis, les conditions de leur accueil en France et l'échec de leur intégration dans la société française. Elle est aussi tardive : elle vient cinq ans après la promesse faite en 2007 de " reconnaître officiellement la responsabilité de la France dans l'abandon et le massacre des harkis ". Et surtout, elle vient bien après les déclarations de François Hollande qui avait permis à plusieurs associations de harkis de s'exprimer avant de s'engager dans la presse et dans un message aux associations de harkis daté du 5 avril dernier " à reconnaître publiquement les responsabilités des gouvernements français dans l'abandon des harkis, le massacre de ceux restés en Algérie et les conditions d'accueil des familles transférées dans des camps en France ".
La droite, classique et extrême, a longtemps cru que le vote des harkis lui était acquis au point de se dispenser de tenir ses promesses de 2007 et d'oublier que la gauche peut aussi s'engager et faire mieux et surtout que les enfants de harkis sont plus enclins à voter à gauche qu'à droite.
Dans ces conditions, comment les harkis peuvent-ils croire que la déclaration du chef de l'Etat est sincère alors qu'elle n'est dictée que par des considérations purement électoralistes : ne pas laisser le champ libre au candidat socialiste ?
Comment peuvent-ils faire confiance à quelqu'un qui avait cinq ans pour reconnaître à travers une loi la responsabilité de l'Etat français dans l'abandon et le massacre des harkis, et l'échec de leur intégration dans la communauté nationale ?
Comment peuvent-ils voter pour quelqu'un qui a attendu le dernier moment pour ne tenir que partiellement une promesse faite il y a cinq ans ?
Aujourd'hui, la situation est claire et nul doute que les harkis et leurs enfants sauront faire le bon choix.