Richard vient de rater son bus pour rentrer chez lui. Ce travailleur social de 49 ans, qui habite à 10 km du centre d'Ulm, se rend aussitôt dans l'un des parkings dédiés à Car2Go. " ça fait un an que je les utilise, c'est génial ! ", s'enthousiasme-t-il. " Bien sûr, je préfère prendre le bus parce que j'y suis abonné et je n'ai donc pas à payer. Mais quand je le rate, Car2Go est une alternative utile ". D'ailleurs, lui et sa femme n'ont plus qu'une seule voiture personnelle. " On n'a pas ressenti le besoin de racheter une deuxième lorsque l'ancienne est tombée en panne. " Richard précise toutefois qu'il n'est pas rare de ne pas en trouver dans le centre-ville, largement piéton.
Chez Daimler, on reconnaît que la répartition des voitures n'est pas toujours optimale. Mais le problème serait marginal. Depuis juin, il n'est d'ailleurs plus possible de se garer n'importe où dans les zones les plus excentrées. Certaines rues y sont désormais dédiées. Pas question pour autant pour le groupe de répartir les voitures dans la ville, comme cela se fait avec les Vélib' à Paris. " C'est un non-sens économique et écologique ! ", estime Andreas Leo, porte-parole de Car2Go. " Le réapprovisionnement est un faux problème ", assure Jérôme Guillen, directeur de l'innovation chez Daimler. " Tout est question de densité. A partir de 5 à 6 000 habitants par km2, le système de voitures en libre service fonctionne. " Avec 1 000 habitants au km2, Ulm est bien en-deçà. " Mais ici, l'objectif n'est pas d'être rentable, cette ville-pilote nous permet de vérifier nos hypothèses de calcul. " Les responsables de Daimler promettent toutefois de ne pas se retirer d'Ulm. " Car2Go fait partie du tissu social désormais. Les gens se marient en Car2Go. " Une fierté qui expliquerait la quasi-inexistance de dégradations. " Mes concitoyens sont enthousiastes, confirme le maire (SPD, gauche) Ivo Gönner. L'empreinte carbone de la ville a été significativement réduite. " " Aucune étude ne permet de savoir quel est l'impact environnemental, nuance Werner Korn, responsable local du Verkehrsclub Deutschland, une association écolo d'usagers. On ne sait pas à quels types de transport Car2Go se substitue. " Les taxis de la ville ont, eux, un avis sur la question. Siho, 39 ans, affirme qu'il a souffert d'une baisse d'activités de " 20 à 30 % " depuis le lancement. " 200 voitures dans une petite ville comme la nôtre, c'est trop. Avant, les jeunes nous appelaient pour aller en boîte. Aujourd'hui, ils ne nous sollicitent que pour le retour, une fois qu'ils ont bu. "