Tu crois être discret...mais penses-tu que je n'ai rien vu ?
Tu fais tes coups en douce, sournoisement, sans avoir l'air de rien, grignotant chaque jour un peu plus de mon bien-être...
Crois-tu que je n'ai pas vu que tu avais cette nuit repeint en rouille toutes les feuilles de la vigne-vierge ?
Crois-tu que je n'ai pas vu que tu avais décoiffé les arbres du jardin ? Pire...que tu avais cueilli les toutes dernières roses églantines ?
Me prends-tu pour une niaise qui ne se serait pas aperçue que tu mordais à pleines dents dans mes tranches de jour...laissant ta nuit avaler gloutonnement ma lumière, croquant les heures les unes après les autres comme une souris affamée et qui pour cacher les trous étalerait une couche de brouillard, ni vu ni connu...
Crois-tu que je n'ai pas senti que tu avais baissé la chaudière, me forçant à ressortir tous mes pulls de l'armoire ?
Tu pointes le bout de ton nez en refroidissant le mien...tu es content sans doute de me donner des frissons...mais sache une bonne fois pour toutes, Monsieur l'Hiver, que ma préférence ira toujours à l'été et que dans la ronde des saisons, si j'en avais les moyens, je zapperais ton tour !