Pour ceux qui ont lu l'interview d'E-Blaze parue sur NeoBoto.com ( http://neoboto.com/interview-rencontre-avec-e-blaze-part-1/ ) en voici la version intégrale à l'occasion de la sortie de sa beat tape For The Luv' Of It disponible gratuitement sur la toile (http://usershare.net/bd9k6ojbxqem).
A l'occasion de la sortie de sa beat tape For The Luv' Of It !, Neo Boto tenait à vous faire (re) découvrir un producteur encore trop méconnu. Adoubé par Showbiz, producteur légendaire du D.I.T.C à qui on doit de nombreuses perles issues des 90′s, E-Blaze, beatmaker français résidant au Canada, a peu à peu creusé son trou dans l'underground new yorkais. Mis en lumière l'année dernière grâce au duo O.C. & A.G. sur leur album commun Oasis, Mr Blaze traîne derrière lui un parcours aussi riche que passionnant. De sa courte expérience de MC au sein du crew Tout Simplement Noir à ses pérégrinations américaines dans les années 1990, en ressort une véritable passion pour la production rapologique qui l'amènera à produire pour des noms comme Infamous Mobb, Blaq Poet, O.C & A.G. entre autres. Focus sur un artiste à part entière.
- Avant d'évoquer tes rencontres et de parler de ton travail, pourrais-tu nous raconter comment tu en es venu à la production ? Car si j'ai bien compris tu as aussi été derrière le mic pendant un temps...
Fin 1989 ou début 1990 j'ai co-fondé le groupe Tout Simplement Noir avec J'L'tisme et MC Bees, on était tous les trois dans le même lycée...Parano Refre nous a rejoint quelques mois plus tard. A l'époque on n'avait pas de matos, les producteurs ne couraient pas les rues et pourtant il fallait qu'on se débrouille pour réaliser nos sons, donc à chaque fois que l'on trouvait un plan studio il fallait que l'on fasse tout sur place, que l'on construise le morceau de A a Z. On ramenait tous nos disques sur lesquels on pensait avoir trouvé des samples intéressants, on mélangeait nos idées, on tâtait le sampleur sous la direction de l'ingénieur et c'est comme ça que j'ai commencé à m'intéresser à la production. Au début des années 90 en France, les MC et les DJ étaient mis en avant, personne ne parlait vraiment des producteurs mais moi je m'y intéressais de plus en plus, j'aimais participer à la réalisation de la musique sur laquelle je devais poser mon texte. Quand j'ai quitté les TSN, j'ai continué à rapper mais je me sentais beaucoup plus attiré par le sampleur que par le stylo et le calepin, d'ailleurs quand j'écoutais du rap cainri à l'époque je prêtais d'abord attention au groove vu que je ne comprenais pas les paroles et c'est sur ça que je me basais pour dire que j'aimais un son ou pas...Tout était par rapport au beat ! En 93, 94 je me suis mis à acheter des disques, en 95' j'ai magouillé pour me payer mon premier sampleur, et là ce fut le début d'une grande aventure car auparavant j'étais obligé d'aller chez des potes qui avaient du matos pour pratiquer, ils n'avaient pas toujours le temps de me recevoir et je dépendais également de leur emploi du temps. Dès que j'ai réussi à avoir mon propre équipement, je m'y suis mis à fond en délaissant un peu plus à chaque fois mon côté MC, et j'ai commencé à produire pour d'autres gars. En 96' je suis parti pour la première fois à New York, et à partir de là... laisse tomber!!
- Qu'est-ce qui te plait tant dans la production ? Avec quel matériel travailles-tu et quels sont les samples qui t'inspirent le plus ?
La production pour moi, c'est la fondation d'un morceau, c'est le squelette, c'est la base de tout...c'est ce qui va déterminer l'ambiance. Quand tu prends deux géants de la prod' comme DJ Premier et Pete Rock par exemple, tu peux juste écouter les instrumentaux des albums de Gangstarr et ceux de Pete Rock & C.L Smooth sans la voix des rappeurs. Je ne veux pas me montrer irrespectueux envers C.L Smooth et encore moins envers Guru (R.I.P), mais bon il faut bien avouer que quand ces deux-là ont décidé de se séparer de leur producteur respectif, leur notoriété en a pris un coup alors que Primo et Pete ont continué à nous lâcher des classiques ! Ces derniers sont les architectes du succès de leur groupe, ils nous ont fait voyager dans leur monde grâce à leur musique. Revenons sur Guru une seconde, il a toujours eu la même voix et le même flow toutes ses années, la seule chose c'est qu'il est passé d'un producteur extrêmement talentueux (Premier) à un beat maker plus que médiocre (Solar) et c'est comme ça que sa carrière est partie en couilles...ce qui illustre mon point de vue sur le rôle primordial du producteur. Aujourd'hui tu peux acheter des albums de Hip Hop instrumentaux de qualité que tu vas apprécier, cependant tu ne verras pas beaucoup de lp's en version a capella à part peut-être pour un grand nom comme Jay-z et encore. Ce sont les Marley Marl, Bomb Squad, DITC, Primo, Dre, RZA et autres qui m'ont fait plonger dans le monde de la production et m'ont donné l'envie de m'y consacrer, juste par ce qu'ils étaient capables de créer, en mélangeant des sonorités provenant de disques complètement différents.
En 1995, j'ai acheté mon premier sampler, c'était l' ASR-10 de chez Ensoniq version rack, à l'époque il m'a couté un bras (environ 2700 euros) mais j'étais le plus heureux des hommes. L' ASR est une bonne machine, la seule chose c'est que son séquenceur est nul a chier, il est souvent off, c'est un peu la mission pour faire bien bouncer un beat là dessus mais par contre le son est très chaud et a la patate ! Pour ceux qui ne le connaissent pas, c 'est du 16 bit stéréo, avec 8 sorties séparées, il existe en version rack et en version clavier. Je me suis fait les dents dessus et franchement je suis dans la possibilité d'affirmer que ce fut une très bonne école pour moi, car si tu arrives à donner du rythme à tes compositions sur cet engin, tu seras dans la capacité de faire du bon son avec n'importe quel sampler. Je l'ai gardé pendant 7 ans parce qu'il m'a lâché à la suite de nombreux voyages par avion, après lesquels je le récupérais régulièrement en piteux état genre avec un bouton en moins, un coin cabossé...enfin bref ce style de virée l'a tué petit à petit. Par la suite je me suis dégoté le EPS-16+, le modèle juste avant l'ASR pour un prix dérisoire à New York, c'est pratiquement la même machine à part que l'EPS est un sampler mono et que son séquenceur a beaucoup plus de swing et de groove. Ensuite en 2005, j'ai complètement souhaité changer ma façon de travailler, j'ai rangé L'Ensoniq et je me suis acheté une MPC 1000. Je n'avais jamais auparavant bossé de cette manière et j'avoue que cela m'intriguait vu que pas mal de mes potes en utilisaient une. J'ai mis au moins un an à tout comprendre et à m'y habituer, après ça je la connaissais sur le bout des doigts. Avec la 1000 j'ai produit pour Infamous Mobb, Show & AG, DITC, les sons sur le Oasis d'OC & AG, et bien d'autres encore...En 2008, 2009, j'ai commencé à m'intéresser aux programmes sur ordinateur comme Logic, Reason, Digital performer etc...Il y a un de mes gars que je voyais régulièrement qui possédait Reason, et à chaque fois que j'allais chez lui il me vendait les avantages du logiciel par rapport à la MPC, donc à force j'ai fini par y prêter oreille. Par la suite il m'a convaincu d'essayer le software. Un jour, il est venu l'installer chez moi et je peux te dire que cela a changé ma vie ! Reason est une vraie révolution pour une personne comme moi qui a toujours eu l'habitude de travailler de façon manuelle. Le programme te permet d'éditer tes samples, de les séquencer et surtout il possède une banque de sons incroyable (batterie, claviers, effets spéciaux...) pour composer tes propres morceaux comme bon te semble. Moi, ça m'a permis d'explorer d'autres venues, je me sens beaucoup moins limité, je n'ai pas peur de sortir des limites et cela me stimule de dingue ! Maintenant je ne me sers pratiquement plus de ma MPC 1000, je suis sur Reason à 100%.
En ce qui concerne les samples, je recherche constamment des sonorités qui m'amènent dans une zone, qui me font voyager en quelque sorte, cela peut être dans n'importe quel genre de musique du moment qu'une certaine émotion se dégage. Il faut que je puisse visualiser le beat, je sais que cela peut paraitre un peu dingue mais si tu arrives à voir le beat, et quand je dis voir c'est vraiment le voir avec des formes et des couleurs etc., tu as gagné le pari. Kanye West, un jour dans une interview a affirmé qu'il voyait les beats et je sais tout a fait de quoi il parle... il ne faut surtout pas s'inquiéter, c'est la folie du beat maker qui ressort car on peut le dire, on est quand même un peu dans notre propre monde !
" Quand je suis parti pour la première fois à New York en 1996, j'ai pris la claque de ma vie, je me suis rendu compte que le Hip Hop était partout et que c'était réellement un style de vie à part entière "
- Tu as produit pour des fines lames de l'underground East comme Infamous Mobb, le D.I.T.C dont O.C & A.G, Smiley The Ghetto Child, Raze, Blaq Poet et KL de Screwball etc. Comment s'est faite la connexion avec ces MCs d'Outre-Atlantique ?
J'ai rencontré Show (DITC) dans un magasin de disques new-yorkais, il était un bon client et on se croisait régulièrement. Un jour je lui ai demandé sur quoi il travaillait et il m'a répondu qu'il était en train d'installer son nouveau studio au sein de Headcourterz (studio du légendaire DJ Premier) et qu'il allait monter une équipe de producteurs. Je lui ai dit que je faisais des beats, il m'a dit de lui faire écouter. Je lui ai donné un cd et de là tout est parti. On a commencé à bosser ensemble et par la suite il m'a présenté le reste du DITC. C'est à peu près la même histoire avec de KL de Screwball, il est venu un jour au magasin pour vendre des mix tapes, on s'est mis à parler, je lui ai fait part de mon respect pour son groupe, après je lui ai dit que je produisais, je lui ai tendu un cd...il m'a appelé deux jours plus tard en me disant qu'il aurait aimé qu'on taffe ensemble. C'est grâce à cette connexion que j'ai pu par la suite rencontrer Blaq Poet son cousin, et qu'on a eu la possibilité de bucher tous ensemble sur le maxi 2 titres de Kamakazee (alias de KL en dehors de Screwball) que j'ai produit. Le schéma est diffèrent pour Infamous Mobb, je ne me rappelle plus vraiment comment la rencontre s'est établie, mais je sais que mes potes les Grim Team ont un rapport avec la situation, en fait je pense qu'on les a rencontrés quasiment en même temps, on avait kiffé de ouf leur premier album et on s'était dit qu'on ferait le maximum pour les serrer et essayer de placer sur le deuxième. Je pense qu'on s'est connecté avec eux en 2003, du coup Chaze (Grim Team) a placé un beat sur l'album et moi j'en ai placé un sur la bande sonore du dvd qui accompagne le cd. Par la suite une relation s'est installée, ce qui m'a donné la possibilité de leur concocter sur mesure le "Capital Q" pour leur dernier lp. Avec Raze, ce qui s'est passé c'est que je l'avais découvert à travers une mix tape qu'il avait sorti en 2002 qui s'appelait Leaving Empty Shells, cette mix tape est un classique du hip hop underground new yorkais. A partir de là je me suis mis à suivre ce qu'il faisait, il lâchait régulièrement des tapes et sur l'une d'entre elles, son numéro de téléphone était inscrit dans le livret intérieur. Je me rappelle un jour je l'écoutais chez moi avec Chaze et on s'est dit qu'on allait le contacter. Il l'a appelé et un jour où je travaillais il a été le voir dans sa cité du lower east side. Par la suite il me l'a présenté et c'est comme ça qu'on s'est connecté. Ça marche de cette façon la plupart du temps, par les connexions, c'est le meilleur moyen surtout quand tu n'es pas connu et que ton nom n'est pas Dr Dre ! C'est sûr qu'il faut également que les gars aiment ta musique et te respectent un minimum sinon de toutes les façons à la longue, ça ne le fera pas. Tu vois Smiley c'est pareil, je ne me souviens pas exactement des détails mais je sais que je l'ai rencontré dans un mac do, il était avec Sebb un autre pote beat maker qui me l'a introduit et en même temps encore une fois, je crois que Chaze l'avait rencontré lors d'un tournage de clip, il s'est mis à bosser avec lui avant moi et un jour m'a invité à passer lors d'une session studio, Smiley s'apprêtait à enregistrer son album The Antidote. En fait comme je le disais auparavant, il faut être constamment à l'affut de ce qui se passe, Chaze m'a introduit à Raze et Smiley en quelque sorte, moi je l'ai connecté avec KL et Blaq Poet,et là, je viens juste de hook up un autre pote beat maker avec Smiley, il vient de lui produire un son pour sa mix tape "Rap CPR"...et ainsi de suite, et ainsi de suite. Il faut de toutes les façons continuer à se bouger par soi-même et surtout délivrer au niveau musique parce que si tu ne possèdes pas les fondations, les contacts ne te serviront a rien!
- J'ai aussi lu dans une interview que tu étais présent aux Etats-Unis durant le milieu des années 1990, à l'époque où le rap avait pénétré en profondeur les pores de la société américaine et vivait alors une période faste. Quel regard portes-tu sur cette période ?
Quand je suis parti pour la première fois à New York en 1996, j'ai pris la claque de ma vie, je me suis rendu compte que le Hip Hop était partout et que c'était réellement un style de vie à part entière, le coté culture et artistique étaient vraiment mis en avant et respectés. La danse, le graffiti, les dj's et le rap étaient à la même enseigne même si ce dernier rapportait beaucoup plus d'argent, les majors ne s'étaient pas encore complètement accaparé le game comme aujourd'hui. Ce qui me manque le plus des années 90 c'est le côté créatif, d'ailleurs je me retrouve constamment à avoir des arguments avec des gars qui ont l'air de penser que je suis reste bloqué sur cette période. Au moment de prouver mon point je prends toujours comme exemple un groupe comme Tribe Called Quest ou le Wu -Tang Clan. Quand tu écoutes les premiers albums de ces groupes, ils te font chacun rentrer dans leurs univers respectifs avec leur propre ambiance et sonorités. Tu prends ATCQ tu sais que tu vas tomber dans une vibe jazzy avec des drums qui claquent, c'est ce qui les définissait, ils avaient Q-Tip et Ali Shaeed Muhammad qui produisaient les albums de A a Z, en bref c'était toujours la même équipe qui s'occupait de la musique. Prends le Wu, tous les plus gros classiques de ce crew ont été réalisés par le même beat maker, leur unique beat maker celui que l'on surnomme RZA. Quand je te parle de classiques, je te parle du premier Raekwon, du premier Method Man, du premier Ghostface, du premier Genius, du premier ODB, du premier album du clan ainsi que le deuxième. Ce sont ces lp's qui ont fait la réputation de la clique, et lorsque tu t'apprêtais à les écouter tu savais déjà que tu allais entendre des samples assez sombres, un groove le plus souvent limite off beat le tout arrangé en un son relativement brut et pas vraiment peaufiné. Ça c'était le son Wu -Tang, et tu savais à quoi t'attendre parce que RZA produisait lui aussi le tout de A a Z ! Le Only Built 4 Cuban Linx 2 (Raekwon) a été primé comme la superbe relève du premier, mais pour moi, tout en étant un bon album il n'arrive pas au niveau du premier volume, tout simplement parce qu'il ne me fait pas voyager comme son prédécesseur au niveau son. Sur le dernier Raekwon on trouve au moins 15 producteurs différents qui essaient chacun à leur tour d'amener leur pierre à l'édifice mais cela résulte en un disque qui manque d'homogénéité. Tout au long de l'opus tu passes d'une ambiance de production à une autre qui n'a rien à voir, ça te coupe dans ton écoute car tu kiffes le beat de Pete Rock mais pas celui de Scram Jones ou de Marley Marl. Cela me fait penser à une compilation où les morceaux ont tous été enregistrés à une époque différente, et où chaque participants au projet n'étaient pas en même temps aux sessions studios. Ce qui m'attriste le plus dans ce genre de procédé c'est que cela dévalorise pas mal le rôle du producteur, il n'a plus vraiment de poids sur la direction. Maintenant c'est le rappeur qui utilise une quinzaine de beat makers à son gré comme des pions sur un échiquier. Avant, avec juste RZA dans l'affaire, je suis sûr que chacun avait autant d'importance sur les décisions prises concernant l'album, c'était un vrai travail en commun et c'est ce qui a apporté au résultat de la qualité et de la cohésion. Avec la technologie d'aujourd'hui, tu n'as plus besoin de rencontrer la personne avec qui tu es supposé travailler, tu as juste besoin d'envoyer ton fichier pro tools et l'affaire est dans le sac, c'est clair que cela rend les choses plus faciles et qu'il faut vivre avec son temps mais à la fois ça te prive de tout le côté humain et de l'échange d'idées. Pour revenir à Raekwon, en ce qui me concerne j'aurai préféré qu'il dise a RZA de ranger ses synthés, de mettre son délire Bobby Digital de côté et de ressortir son sampler ,ses samples afin de lui produire entièrement son nouvel album en 2009.J'aurai vraiment été intéressé d'entendre ce Cuban lynx 2 avec que des instrus de RZA à la sauce 2009...je pense que cela se serait avéré être une formule un peu plus intéressante! Prends Mobb Deep, tu ne peux pas les dissocier de la production de Havoc, c'est pareil avec Gangstarr et Premier, la même avec Public Enemy et le Bomb Squad, Ultramagnetic MC's avec Ced Gee et TR Love, Showbiz & AG avec Showbiz etc... Je ne souhaite pas entendre ce genre de gars revenir avec un album en 2010 avec un single produit par Swizz beats et des productions de Polow The Don ou de Cool and Dre parce que ce sont les beat makers du moment et qu'ils placent partout, pour moi cela n'a aucun intérêt. J'ai encore envie que ces artistes me fassent voyager à nouveau dans leur univers propre, ils ont chacun leur son, leur vibe et c'est ce qui fait la force du Hip Hop je pense. A l'époque dans les 90's tu avais un peu plus le choix, si un matin tu voulais t'écouter un truc smooth, funny tu pouvais te mettre un Pharcyde ou un Tribe, après si tu désirais enchainer avec un délire un peu plus sombre et plus dur, tu t'envoyais du Wu, du Public Enemy ou un bon Group Home. De nos jours, les 3/4 des sorties ont un coté micro-ondes, ça sent le réchauffé, il n'y a quasiment plus d'identité car les MC's ne veulent que suivre le troupeau sans prendre trop de risques. Le regard que je porte sur les années 90 est qu'en général les artistes étaient beaucoup plus créatifs et laissaient moins les corporations contrôler leur destinée, ce qui se révèle être un réel problème aujourd'hui.
- Lorsqu'on écoute tes prods et quand on se penche sur ton travail, tu sembles affectionner particulièrement la vibe new yorkaise, c'est flagrant. Te considères-tu comme un beatmaker exclusivement East, ou pourrais-tu envisager de travailler avec d'autres MCs venant d'une zone géographique différente ? Comment qualifierais-tu ton style ?
- Quelques beatmakers français comme Chaze, Reign de la Grim Team, Sla, Dam's et 6 du collectif Get Large ont gagné comme toi le respect du hood. As-tu des contacts avec eux ? Car vous avez travaillé avec des artistes similaires comme Smiley ou IM-3.
Chaze et Reign des Grim Team sont mes gars mais je tiens à préciser que Reign n'est pas un beat maker, il s'occupe plus du côté business. Chaze et moi, on se connait depuis près de 10 ans, on est bons potes, notre parcours est en gros similaire et nous voyons le biz de la même façon. Pour nous le respect est quelque chose de très important, on essaie de construire de réelles relations avec les artistes avec lesquels on bosse, on pense toujours au long terme à défaut du court terme. Quand tu vis à New York tu es obligé d'avoir cette façon de penser si tu souhaites avoir de la longévité dans le game, si les gens avec qui tu désires travailler ne te respectent pas un minimum, ils vont te marcher dessus et te traiter comme la dernière des putains...pas besoin de te dire qu'à la longue ça ne marchera pas ! Avec Chaze on se parle régulièrement, je n'habite plus à New York mais cela ne change rien, on continue de se soutenir et on taff ensemble sur certains projets.
Pour le crew Get Large c'est diffèrent, je n'ai jamais rencontré Sla, je voyais Dam's et 6 lors de leur passages à New York. Je pense qu'on s'est capté en 2002 pendant l'un de leur voyage car ils ne résidaient pas à New York, ils passaient pour 2 ou 3 semaines et souhaitaient rencontrer des MC's. Par la suite nous sommes restés en contact, et à chaque fois qu'ils se trouvaient en ville on trouvait le moyen de se voir, quelques fois on s'invitait les uns les autres à nos sessions de studio respectives. A un moment ils ont commencé à venir de moins en moins souvent et par la suite on s'est perdu de vue. Je ne les ai pas revu depuis 5 ou 6 ans, j'ai dû communiquer une ou deux fois avec Dam's sur myspace mais je ne sais pas si il continue à faire du son.
( Showbiz (D.I.T.C) & E-Blaze au studio HeadQcourterz)