Depuis plus de quarante ans, c'est dans les Bouches-du-Rhône, précisément dans la zone de l'étang du Fangassier, actuellement asséché, que les flamants roses avaient élu lieu de villégiature pour la nidification. Le but d'une telle opération est scientifique. "Les bagues permettront de faire un suivi sur le long terme de cette population de flamants roses. Nous pourrons analyser notamment leur migration, leur reproduction", explique Coralie Hermeloup membre de La Tour de Valat, centre de recherche pour la conservation des zones humides méditerranéennes qui organise le baguage des poussins avec Les Salins du Midi.
"Une opération délicate car les poussins peuvent paniquer et se noyer"
À 5 h 30, c'est une organisation quasi militaire qui s'est mise en marche pour mener à bien l'opération. Chaque bénévole était affecté à une équipe, il y en avait huit au total. Chacun avait une mission bien spécifique pour laquelle il a reçu des instructions. La première phase de l'opération : le rabattage. Alors que le soleil se levait sur les salins d'Aigues-Mortes, les 150 participants, répartis autour de l'étang, ont avancé ensemble dans l'eau salée afin d'encercler la crèche où se sont regroupés tous les poussins, trop jeunes pour pouvoir s'envoler à l'approche de l'homme. Ils devaient les guider dans le calme vers un enclos situé dans un coin de l'étang. "Cette phase peut s'avérer très délicate car, dans la précipitation, les poussins peuvent paniquer, s'entasser et se noyer", avait prévenu Arnaud Béchet, également membre de La Tour de Valat. Une fois dans l'enclos de 9 mètres de diamètre, chaque poussin était pris en charge.
Efficace pour éviter de blesser l'animal
Le captureur, dans le grand corral, donnait au porteur positionné dans un autre petit enclos juxtaposé. Puis, le bébé flamant rose était confié au bagueur afin d'attribuer à l'oiseau un code unique. Bague de métal indestructible sur une patte, bague de PVC, lisible à plus de 300 mètres de distance, sur une autre. L'oiseau passe ensuite une série d'examens : il est pesé, mesuré et des plumes sont prélevées pour effectuer des tests ADN. Aux premiers poussins, les gestes des bénévoles sont hésitants. "On a peur de leur faire du mal, c'est très délicat", raconte Julie, qui participe pour la première fois à l'opération. Alors, les encadrants scientifiques sont là pour rappeler la bonne attitude à prendre. Tout est fait pour aller le plus vite possible, tout en étant efficace pour éviter de blesser l'animal.
À l'infirmerie, dressée non loin de l'enclos, on ne déplore "aucun mort, ce qui aurait pu arriver sur des poussins faibles, et aucun blessé sauf quelques égratignures mais rien de grave". En moins de deux heures, l'objectif des 500 poussins bagués est atteint. "Une opération réussie", se félicite Sonia Séjourné, responsable espaces naturels pour le groupe Salins. Parmi les bénévoles, la satisfaction d'avoir participer au baguage prédomine. Fabien, lui, pense à l'avenir des poussins : "A partir d'aujourd'hui, on pourra suivre ces flamants roses nés ici à Aigues-Mortes et savoir ce qu'ils deviennent."