Si un prix littéraire acquiert de l'importance en fonction de son palmarès et de ses audaces, celui de la Closerie des Lilas, exclusivement féminin, a fait un pas en avant en couronnant, hier soir, Azadi, de Saïdeh Pakravan. Hors des listes de meilleures ventes, ce roman est de ceux qui méritaient d'être mis en avant.
En juin 2009, après la réélection d’Ahmadinéjad à la
présidence iranienne, la rue s’emplit de manifestants. Portés par le mot persan
« azadi », qui signifie « liberté », en particulier sur la
place qui porte ce nom. Azadi, c’est donc aussi ce roman de Saïdeh Pakravan où l’écrivaine retrace, sous forme de
fiction, l’itinéraire mouvementé de quelques personnages imaginaires mais très
vraisemblables.
Au centre du récit, bien que tous les protagonistes se
succèdent à la narration, Raha, étudiante en architecture qui n’a pas, au
contraire de ses parents, connu Téhéran avant la révolution de 1979, le départ
du Chah, le retour de Khomeini et l’instauration de la république islamique. Les
obligations imposées par celle-ci lui sont familières et elle les respecte, bon
gré mal gré, tout en espérant une évolution de la société. Les manifestations
sont l’occasion de la revendiquer. Mais aussi, pour le pouvoir, de peser sur
les contestataires et de les emprisonner en nombre. Un jour, Raha est embarquée
et le cauchemar commence.
Violée en prison par trois hommes, meurtrie dans sa chair et
dans son esprit, Raha, après un temps d’hésitation, décide de relever la tête
et d’entamer une procédure judiciaire contre ses bourreaux. Le regard des
autres a changé, elle compte ses détracteurs et ses partisans. Mais elle
devient une femme qui puise force et détermination dans ses blessures. Son beau
portrait est aussi celui d’une société.