Nom : Paul West.
Langue française : niveau très moyen.
Fonction : jeune cadre dynamique promis à un grand avenir.
Occupation : déjouer les pièges potentiellement désastreux du quotidien français.
Hobbie : lingerie féminine.
Signe particulier : Paul West serait le fruit d'un croisement génétique entre Hugh Grant et David Beckham.
Jeune Britannique fraîchement débarqué à Paris, créateur, en Angleterre, de la fameuse enseigne Voulez-Vous Café Avec Moi, Paul a bien du mal à s'adapter au pays des suppositoires, des grèves improvisées et des déjections canines.
Et il n'est pas au bout de ses surprises...
317 pages. Roman publié en 2005.
EN-FIIIIIN ! Voilà trois éditions que nous sommes réunis autour du challenge GOD SAVE THE LIVRE et si un titre s'imposait dans mes lectures so british, c'est bien celui du roman de Stephen Clarke. Et voilà, ayé, j'ai finalement franchi le pas qui me séparait de son univers.
Autant vous le dire tout de suite : je suis un peu partagé. Partagé mais mon impression penche tout de même vers le positif, ce qui explique notamment que ma note se situe au-dessus de la moyenne.
L'humour britannique est présent dès les premières pages et c'est particulièrement rafraichissant. C'est juste hilarant. Stephen Clarke a su montrer le décalage entre nos deux cultures au point que j'ai pensé que l'ami Paul West dépeignait la société dans laquelle il évoluait à la manière d'Usbek et Rica, les deux personnages des Lettres Persanes, de Montesquieu. Le perfectionnisme français face aux approximations anglaises, l'arrogance à la française face à la simplicité des britanniques. L'incompréhension, source de scènes cocasses, est aussi très fréquente dans le roman qui s'enrichit, à ce titre, de nouvelles expressions ou déclarations en franglais.
Jusqu'ici, tout va bien. Sauf qu'il est un écueil que l'auteur n'a pas su, à mon sens, éviter : sombrer dans la caricature.
C'est vraiment regrettable ! Et je ne suis pas du genre à battre froid celles et ceux qui s'en prennent à la République. Je ne suis pas chauvin à ce point-là mais bon... Nombre de clichés surgissent et c'est tout juste si un bon Français arrogant, bérêt vissé sur la tête et baguette sous le bras n'apparaît pas subitement au détour d'un carrefour...
Si la France est le pays des grèves (ce qui est absolument faux, soyons clairs ! Au fait, j'espère que vous ne prenez pas le réseau ferroviaire parisien demain car... il y a un mouvement social de prévu jusqu'à vendredi matin !!!!!
), il est aussi le pays des déjections canines (en gros, vous ne faites pas 5 mètres dans la rue sans ruiner vos souliers !) et toutes les entreprises françaises comptent dans leurs rangs des incompétents notoires et des présidents véreux à leur tête.Et la gastronomie dans tout ça ? Entre le champion du monde incontesté de la spécialité d'un côté et le poulet à la menthe de l'autre, il n'y a pas match, convenons-en.
Il n'y en a tellement pas que Stephen Clarke, lui-même, ne s'y risque pas. D'ailleurs _ et c'est très "fair" de sa part _ à aucun moment il ne nous affuble du terme peu élogieux de "froggies" lorsqu'il s'agit d'évoquer nos habitudes culinaires.
Pour autant, le Français est le mangeur d'escargot baveux et est celui qui fabrique des fromages exclusivement coulants et qui puent comme ce n'est pas permis.
La société et ses lourdeurs administratives est passée au crible. Il n'a pas tort même si je regrette qu'il n'y ait pas de comparaison avec ce qui se fait outre-Manche.
Pour résumer, j'ai passé un agréable moment de lecture car j'ai beaucoup souri, parfois ri même si je regrette que l'intrigue se soit parfois enlisée et que l'auteur ait finalement un tel parti pris pour son pays. Ne soyons toutefois pas trop sévères avec lui. Je pense que c'est un fondu (rapport au fromage !) de l'hexagone car l'essentiel de son oeuvre littéraire gravite autour de la France.
Je vous recommande donc cette lecture car il est aussi bon, parfois, de se moquer de soi.
Ce roman, choisi dans le cadre du challenge GOD SAVE THE LIVRE, est le 33ème roman lu depuis le début de l'année.