Lorsque Jocelyne Guerbette, mercière à Arras, découvre qu'elle peut désormais s'offrir ce qu'elle veut, elle se pose la question : n'y a-t-il pas beaucoup plus à perdre ?
Après L'écrivain de la famille, couronné par de nombreux prix, Grégoire Delacourt déroule une histoire folle et forte d'amour et de hasard. Une histoire lumineuse aussi, qui nous invite à revisiter la liste de nos envies.
186 pages. Roman publié en 2012.
Etant très peu féru de littérature française contemporaine, c'est sans surprise que je vous apprendrai que je ne connaissais pas Grégoire Delacourt. Pour autant, son visage ne m'était pas totalement étranger. En effet, j'avais eu l'occasion en mars de l'an dernier de le croiser sur le stand des éditions JC Lattès au Salon du livre de Paris lors d'une séance de dédicaces pour ce livre ! A l'époque, j'avais été marqué par la longueur de la foule qui patientait gentiment devant lui.
Alors, lorsque je suis tombé sur ce livre lors de mon dernier passage au cercle de lecture de mon travail, je peux vous assurer que je n'ai pas hésité longtemps avant de m'en emparer.
L'histoire est simplement belle ; elle peut correspondre à celle de bon nombre d'entre nous : ce qui explique la raison pour laquelle elle a su fédérer autant de lecteurs autour d'elle.
Jocelyne est mariée depuis plus de vingt ans à Jocelyn Guerbette. Elle mène une vie rangée à Arras. Elle tient une petite mercerie à l'activité florissante et, parallèlement, rédige régulièrement des articles sur son blog de loisirs créatifs. Dans sa rue, elle converse quotidiennement avec deux amies qui dirigent le salon de coiffure voisin. Celles-ci s'évadent en rêvant de remporter la prochaine cagnotte du loto.
Et comme le dernier ticket porteur des cinq numéros gagnants a été validé sur la commune d'Arras, les fantasmes vont bon train. Jocelyne n'y échappe pas et dresse la liste de ses envies, celle qui lui permettrait d'assouvir ses passions et de réaliser ses rêves.
Emportée par un mystérieux pressentiment, elle vient faire contrôler son ticket de loto auprès du buraliste et découvre _ sans surprise ! _ qu'elle est l'heureuse gagnante.
Le champ des possibles s'ouvre alors devant elle mais... certains écueils également. Quel bouleversement dans une existence lorsque l'on a toujours vécu chichement ! Le regard des autres va-t-il changer ? Et le regard de l'être aimé ? Jocelyne peut-elle poursuivre ses activités sans attirer l'attention autour de sa nouvelle fortune ? Partagée entre l'idée d'encaisser un chèque de quinze millions d'euros qu'elle a récupéré à la Française des jeux et celle de le détruire, elle retarde l'échéance en le dissimulant dans sa garde-robe.
Comment expliquer aux autres sa réaction ?
Personne ne peut lui venir en aide, à commencer par sa mère, décédée alors qu'elle n'était encore qu'une enfant. Son père se réjouit de la nouvelle... avant de l'oublier six minutes plus tard. Atteint d'une maladie dégénérative, il demande toutes les six minutes à sa fille de lui décliner son identité !
Pourquoi ne pas confier ses hésitations à ses enfants ?
Le fils est bien trop distant. Quant à sa fille, elle l'est également, non par l'esprit mais par les kilomètres qui séparent Arras de Londres, cité bouillonnante où elle officie en qualité de cinéaste amateur.
Et Jocelyn dans tout ça ?
Jocelyne ne veut pas le déranger car il suit depuis peu une formation de contre-maître dans son entreprise afin de gagner, à terme, près de 3 000 € par mois...
Jocelyne finira _ je vous rassure ! _ par se décider. Mais ne sera-t-il pas trop tard ? Comme le suggère la 4ème de couverture, n'a-t-elle pas plus à perdre qu'à gagner ?
En résumé, cette lecture m'a semblé assez agréable. Elle ne saurait vous laisser indifférente. C'est en cela que je vous recommanderai La liste de mes envies. Car tout un chacun a déjà échafaudé les plans et développé des projets pharaoniques quand l'argent n'est plus qu'une formalité.
Je ne saurai conclure cet article sans vous révéler qu'une adaptation cinématographique est en projet avec Mathilde Seigner dans le rôle de Jocelyne et Marc Lavoine, dans le rôle de Jocelyn.
Pour l'anecdote, l'intrigue m'a donné à réfléchir lorsque j'ai découvert le résumé de ce roman. En effet, je vous fais part, en de rares occasions sur ce blog, de mes projets d'écriture. REVERS DE FORTUNE, le manuscrit sur lequel je travaille actuellement, a pour point de départ, un homme qui se retrouve à la tête d'une fortune de 15 millions d'euros après avoir remporté la cagnotte du loto. Déroutant, non ?
Tout le mal que je me souhaite, aujourd'hui, c'est que REVERS DE FORTUNE, en version standard ou numérique, fédère aussi peu de lecteurs que Grégoire Delacourt a su en attirer grâce à son livre !!!
Ce livre est le second roman lu depuis le début de l'année.