Courte nouvelle pour cheminement court : sitôt acceptée l'idée de mourir, le Chemin du cimetière se traverse en quelques pas, avec la joie démente et désespérée de celui qui se sent plus proche de la mort que de la vie. Thomas Mann tout craché ne nous cache pas, une fois de plus, sa fascination morbide pour les déchéances physique et psychologique. Ce n'est pas la maladie qui agit ici à l'insu de sa victime mais l'ivrognerie -les deux ne sont pas loin, mais l'arrêt final bénéficie d'une coupe plus déterminée dans le second cas. Le cercle vicieux mais exquis résume la tonalité de cette dernière promenade :
" Il buvait parce qu'il avait perdu le respect de soi, et il se respectait de moins en moins, parce que l'effondrement répété de ses bonnes intentions rongeait la confiance qu'il aurait pu avoir en lui-même. "
Une piste pour éclairer d'autres aspects de l'œuvre de Thomas Mann...
*peinture de Michel Fingesten, The Drinkers, 1919