Encore sur la route, à l'entrée de la ville, l'accroche est immanquable : " le plus grand château fort d'Europe" ! Autant cette promotion est exagérée (et invérifiable, en fait !), autant ce site vous marquera à jamais, pour qui aime les grands édifices militaires du Moyen-Âge.
A mi-chemin entre Rennes et la côte, avec notamment le Mont-Saint-Michel, cette fortresse était l'un des bastions essentiels des " Marches de Bretagne", sorte de zone tampon entre le duché de Bretagne et les terres de la Couronne de France. Visiter Fougères permet de comprendre la complexité historique de cette région au Moyen-Âge, souvent méconnue en fait, au profit de l'histoire conflictuelle entre la Bretagne et le roi de France. Dans cette "Marche" se trouvent encore aujourd'hui nombre de châteaux forts témoins de cette période : Vitré, La Guerche, Chateaubriant, Ancenis, Clisson, Machecoul, sans oublier Guérande, très belle cité fortifiée.
Dès le XI e siècle, Fougères se trouve à un carrefour stratégique : entre Maine, Anjou, Normandie et bien sûr, la Bretagne. Dès cette époque un château en bois trône sur ce lieu improbable pour une forteresse : une cuvette ! C'est la première étrangeté de ce lieu : bâtir une forteresse, certes sur une motte, mais surtout, en contrebas, au milieu d'un cuvette.
Henri II Plantagenêt détruit le château de bois, après un siège, en 1166. Le baron Raoul II le reconstruit en pierre. Commence alors près de 300 ans d'histoire militaire et d'architecture défensive à Fougères, encore visible aujourd'hui.
Le château sera régulièrement "modernisé" aux XIII
e et XIV e siècles, en lien avec les évolutions techinques de la guerre médiévale, tout en conservant beaucoup d'éléments préexistants. A la fin du XV e siècle, la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier sonne le glas de l'indépendance de la Bretagne vis-à-vis du royaume de France. Ce rattachement est ensuite scellé par le mariage d' Anne de Bretagne avec Charles VIII en 1491, même si cette union entre le duché et le royaume ne sera effective qu'en 1532.
A partir du XVIL'intérêt majeur des lieux est qu'il n'est pas reconstruit. Les logis sont détruits, en ruine, mais le reste est bien conservé, pour un site non "restauré" au XIX e siècle, la forteresse est affectée au gouverneur de la ville. Les éléments défensifs ne sont plus entretenus, tout comme les logis, qui s'effondrent peu à peu. Il n'en reste pas moins aujourd'hui un ensemble tout à fait impressionnant. L'ensemble des murailles sont debouts et en parfait état, avec ses nombreuses tours, ses 2 cours (la basse cour et le "réduit"), ainsi que l'avancée, sorte de barbacane.
e, comme ce fut souvent le cas ailleurs. La conservation n'en est que plus extraordinaire.
Fougères est l'un des châteaux forts à connaître absolument. Ils ne sont pas nombreux en France, de cette importance (historique et architecturale) et de cette qualité de conservation. Visiter c'est Fougères, c'est d'abord voir une encyclopédie de la meurtrière à ciel ouvert. La plupart référencées dans les manuels d'architecture sont en effet présentes ici. La plupart des chemins de ronde sont accessibles (le bohneur, ne serait-ce que pour les points de vue). Le charme opère avant même l'entrée, rien qu'en faisant le tour des douves en eau.
Dans les tours, la muséographie (légère) pemet de plonger dans l'univers des Marches de Bretagne, avec ses légendes (Mélusine). Dès l'entrée, un film passionnant vous remet bien dans le contexte de la Bretagne médiévale.
Mais bien sûr, l'intérêt est ailleurs. Les murs parlent à Fougères, ils ont une âme indiscutable. Les maçonneries sont parmi les plus belles que l'on puisse voir pour des grands ensembles. L'analogie n'est pas facile, tant ce site est particulier, d'autant plus avec cette belle pierre, si sombre par temps gris, mais l'on pense à Carcassonne, Chinon, Provins... Bref, des sites majeurs du Moyen-Âge qui marquent les esprits.
Plus d'infos : www.chateau-fougeres.com