Larissa ( ma prof de russe) a appelé la semaine dernière pour réserver.
C'est dans une isba dans la forêt, tout près de Kaluga.
On est 5. Il fait beau et la température est remontée cet après-midi, il fait -11 environ, il faisait -22 ce matin !
On arrive dans la forêt. On cherche la route. Larissa sort de la voiture et va se renseigner.
On est arrêté devant une colonie de vacances "SOKOL ".
Anne demande ce que ça veut dire en français. Jarmila qui est Slovaque nous traduit en allemand " Vogel " =oiseau ! oui mais quel oiseau ? personne ne sait traduire en français, pas même Larissa. ( Faucon en fait)
Ici à Kaluga il faut connaître toutes les langues !
Larissa revient, il faut faire demi-tour. Joëlle hésite à nous faire un demi-tour au frein à main sur la glace !
On arrive au bania. Il est grand. Il y a plusieurs pièces : un vestiaire, une salle de repos avec cheminée, une grande table sur laquelle se trouve le nécessaire pour faire du thé et des bancs de chaque côté, une pièce avec deux bassins ( un froid et un chaud) et enfin le bania qui ressemble beaucoup au sauna avec un poêle.
Allez on a assez visité, on y va !
On met nos chapkas de feutre ( qui évitent qu'on se brule le visage et les cheveux). On rentre. Anne est contente parce qu'il fait bien chaud, elle que ses proches appellent Hyppolite les pieds gelés...
Larissa dit que non, ce n'est pas assez chaud ( il fait pourtant 80 °C), alors elle ouvre le poêle et balance plusieurs louches d'eau. La température monte, c'est une fournaise...
On sort au bout de 15 minutes, on veut aller au bassin chaud mais Larissa nous dit que c'est mieux le bassin froid, Jarmila propose d'aller se rouler dans la neige, comme le font les russes. Je suis Jarmila dehors en prenant juste ma chapka et mes bottes fourrées, pour le reste je n'ai qu'un maillot de bain...
On trouve de la neige propre et hop on se roule dedans comme des gamines ! le choc thermique est atroce, mon corps devient rouge, cependant je suis ragaillardie ! Joëlle nous a suivit, elle n'arrive pas à le croire. Joëlle ne veut pas se rouler dans la neige, j'hésite à lui faire un croche pied.
On rentre, euphoriques mais frigorifiées, on va se réchauffer au bania.
Larissa dit qu'il est temps de se frapper avec les branches de bouleaux séchées (Veniki) qu'elle a pris soin de réhydrater dans de l'eau un peu avant.
J'hésite pas là et m'allonge. Elle dispose les branches humides au dessus du corps ( sans le toucher) et fait un va et vient de la tête au pied à la manière d'un chamane...puis elle les appose sur ma gorge et me dit de respirer à fond, puis elle tapote le corps avec les branches. Les odeurs du bouleau se diffusent. Tous le corps y passe ( sauf la poitrine, jamais ! ). Les toxines s'évacuent.
Les copines y passent aussi et je prends un malin plaisir à frapper ma prof de russe pour me venger de toutes les misères qu'elle me fait subir en cours !
Au bout d'une heure, Larissa nous invite à boire le thé. Elle a ramené ses herbes ( menthe sauvage et serpolet qu'elle a ramassés dans la campagne) qu'elle a mélangé avec du thé noir. Le thé est divin. Elle a aussi ramené une brioche délicieuse.
On se dit qu'on ne voudrait pas être ailleurs qu'ici, que le moment est précieux, unique et merveilleux. Larissa nous parle de la période communiste qu'elle regrette parfois, des salaires des professeurs en Russie qui sont dérisoires... de l'espionnage qui est encore d'actualité...
La pause est terminé, païdiom ! (on y va) dit Larissa. Le rituel n'est pas fini.
Maintenant, il est question de notre épiderme. Il faut faire des gommages, des masques de miel, se oindre d'huile d'olive pour retrouver une peau soyeuse.
Au bout de 2h, on arrête, lasses et heureuses de notre moment partagé avec des personnes chaleureuses et intéressantes.
Une dernière chose concernant les banias, il est d'usage en Russie de se souhaiter à la fin du bania, que la vapeur ne soit pas forte !