Son revers à une main est l'un des plus beaux du circuit WTA. Frappé, slicé, coupé : le revers d'Amélie reste unique, comme votre premier grand amour. La retraite annoncée de la sportive, le 3 décembre dernier, voit l'un des plus talentueux coups du tennis quitter le court. Un crève-cœur pour les aficiodanos du beau jeu.
" Voilà c'est fini, je vais vous manquer hein ? Quand même... " Elle est comme ça Amélie. Honnête, directe mais rongée de doutes. Un caractère qui correspond aussi à son célèbre revers à une main. La carrière de Mauresmo est ponctuée de moments de gloire mais aussi de terribles désillusions. Ses plus grands trophées, elle les gagne grâce à son revers. Mais lorsque son coup favori coince, les échecs se multiplient.
Aussi irrégulier que la championne, ce revers à une main restera gravé dans nos mémoires. Pied droit en avant, jambe gauche fléchie, Amélie prépare toujours ce coup avec minutie. Bras droit lancé, elle transforme son revers en un récital aussi prodigieux qu'efficace. Quasi poétique dans un monde de brutes. Les sœurs Williams peuvent témoigner, Amélie ne lâche jamais la balle du regard. Elle choisit ainsi le meilleur angle possible et donne l'effet nécessaire pour contrer ses adversaires. Une variation d'angles qui perturbe ses rivales mais qui ravit les amateurs de tennis. A voir sa main gauche s'ouvrir, ses doigts se déplier, elle personnalise un coup qu'elle maitrise sur le bout des ongles.
Son revers, c'est son entourage qui en parle le mieux. Nathalie Tauziat, ancienne joueuse et ex-numéro 1 française a de suite réagi à la retraite de la championne. " Amélie a apporté beaucoup au tennis. Elle avait un jeu assez atypique, un très beau revers à une main. " Loïc Courteaux, entraineur d'Amélie Mauresmo de 2002 à 2008, parle de la force mais aussi de la fragilité lié à son coup : " Amélie, c'était Jean-qui-rit et Jean-qui-pleure. Elle peut monter très, très vite et puis redescendre très, très vite. Comme son revers. Cela explique beaucoup de choses. " Un revers de passionné, toujours pensé pour jouer. " J'aimais le jeu. C'était une passion qui m'a poussée à revenir sur le terrain après chaque moment difficile ou remise en question. "
Amoureuse du jeu, Amélie Mauresmo remporte des titres sur toutes les surfaces. Elle sait adapter sa technique aux différents courts. Sa technique correspond mieux aux surfaces rapides. Ses deux victoires en Grands Chelems en 2006 le confirment. Elles ont été acquises sur synthétique dur (Open d'Australie) et sur gazon (Wimbledon). Service volée, revers long de la ligne, Amélie sait abréger les échanges et profite de son excellent revers à une main. Elle peut ainsi adopter plusieurs tactiques radicalement différentes en fonction de la surface et de l'adversaire: patience et construction sur terre battue, service et montée au filet à Wimbledon, où son tennis atteint son efficacité maximale.
Seule ombre au tableau d'Amélie : Roland-Garros. Entre peurs et doutes, l'ex-numéro 1 mondiale n'a jamais su élever son niveau de jeu pour atteindre le dernier carré du tournoi parisien. Son revers, sa force, a toujours été défaillant Porte d'Auteuil. Comme si le stress s'emparait de ses bras et sa raquette ne répondait plus. Comment un revers qui réussit si bien en Angleterre, aux Etats-Unis et en Australie, coince à Roland-Garros ? La jurisprudence Mauresmo. Des doutes sur son jeu alors qu'elle possède le plus beau coup du circuit. Amélie reste donc humaine.
Avec 25 titres remportés sur le circuit, Amélie Mauresmo est la joueuse française la plus titrée depuis Suzanne Lenglen. Devenue numéro 1 mondiale en septembre 2004, elle reste à cette place pendant 5 semaines puis la retrouve 34 semaines en 2006. Mais Mauresmo, c'est aussi 1 médaille d'argent aux Jo d'Athènes (2004), 1 Fed Cup remportée en 2003 et 6 années de suite terminées dans le top 10 (2001-2006). Une grande championne couronnée de succès qui dit au revoir au circuit WTA. Elle emporte avec elle son revers au panthéon du tennis féminin.