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Une critique, parce que Super 8 signe le revival d'un genre à la saveur déjà surannée...
J'adore quand j'attend un film avec impatience et que celui-ci est à la hauteur des grandes espérances fondées en lui. J'étais déjà emballée par le buzz, totalement amoureuse de l'affiche old school, alors quand se dévoile enfin, l'extase est juste à portée de regard. Rien d'étonnant à cela quand on sait que c'est le génial J.J. Abrams qui est là chaperonné - que dis-je? Adoubé - par le monstre Spielberg himself.
Ce que j'aime avec J.J., c'est qu'il arrive à filmer un truc d'apparence banale - l'intro, par exemple - et à lui conférer une tension dramatique, une dose saturée de mystère impressionnante. Il sait filmer le réel et le "banal", les échanges entre individus, leurs rivalités, leurs inclinations, tout en y adjuvant un peu de fantastique, de bizarre, d'intangible... L'autre très bon réflexe de J.J., c'est de s'entourer d'acteurs méconnus, en devenir, ou tout simplement trop rares, comme l'excellent Kyle Chandler ou le prometteur Joel Courtney. Enfin, le gros atout de J.J., c'est de maîtriser son sujet et ce, (presque) jusqu'au bout.
Premier gros coup de coeur: l'ambiance. On retrouve celle des films de Spielberg d'il y a vingt, trente ans, ces films qui, gamins, nous collaient des étoiles pleins les yeux. Il y a quelque chose d' E.T., d' Indiana Jones et des Goonies tout à la fois réunis dans ce Super 8 qui prend alors des allures de pellicule volée dans les archives du maître, mais qui se révèle en fait un formidable hommage à son égard, à la fois bien d'aujourd'hui et empruntant aux standards d'hier. On y retrouve ce côté naïf, un peu infantile, des petites péripéties entre potes qui deviennent de grandes aventures grandeur nature. Le tout avec une mise en abîme savoureuse: le tournage amateur des gosses (foutrement doués, au passage) fait directement écho à l'intrigue du film, dont il est une sous-intrigue, et fait indirectement référence au tournage du film lui-même. Peut-être J.J. place-t-il un peu de lui et de ses débuts de cinéaste en herbe dans le personnage bonhomme et irrascible de Charles Kaznyk. Ou peut-être pas.
L'intrigue, la grande, introduite avec grand fracas par la plus belle catastrophe ferroviaire que j'ai vu jusqu'ici, est rondement menée, bien que, ironiquement, elle ne soit travaillée que comme une sous-trame de l'histoire, l'intrigue secondaire, s'attachant d'avantage aux personnages (on craque pour Elle Fanning), prenant invariablement le dessus sur la "menace", prétexte à quelques séquences d'apocalypse.
L'émotion, l'humour, le suspens, tout est très bien dosé et s'imbrique sans mal dans un canevas prenant, réellement savoureux, jusqu'au bémol à la fois terrible et quasi inévitable d'une fin largement en-deça du reste du film, un poil bâclée, un poil trop mièvre, sans doute, et visuellement maladroite.
Portfolio nostalgique de ces années passion où le cinéma avait bel et bien le goût de l'aventure, Super 8 ravira les cinéphiles de tous bords, les cinéastes en culotte courte, les âmes en quête d'intrépidité...