Le Skylab

Par Ashtraygirl

Vu le 08/10/11

(-)

Avec Le Skylab, Julie Delpy réussit à moitié le pari qu'elle semble s'être fixé: restituer, dans un film chorale, la quintessence même d'une époque (la fin des 70's) le temps d'un week-end tournant autour de tablées familiales animées et de la menace de la chute imminente d'un satellite: le fameux Skylab.

Si le soin tout particulier apporté aux détails permet à l'ensemble, tant à travers les décors, les clins d'oeil (tube d'Hernandez ou affiche d'Alien) et les codes vestimentaires (qui prêteront parfois à sourire), de nous faire voyager dans le temps avec une aisance déconcertante; et si, par sa spontanéité et sa sincérité de ton et de vision, Delpy nous fait partager fort chaleureusement les retrouvailles de cette tribu tonitruante, distillant à la fois un charme fou et une nostalgie qui fleure bon les souvenirs d'enfance; force est de constater qu'hélas, trop souvent durant le visionnage, on se sent un peu bête, un peu intrus, devant ce tableau de famille qui ressemble un peu-beaucoup à la nôtre, quelque part, mais sur laquelle poser le regard frôle parfois l'indécence. On se sent un peu comme une pièce rapportée, pour laquelle il aurait fallut rajouter un couvert en bout de table, ou comme un voyeur solitaire tapis dans les buissons du jardin. Le tout émeut, amuse, pique, mais l'on se sent, finalement, illégitime face au spectacle par trop intimiste qu'a orchestré Delpy. Et puis, le ton de certains passages ne sonne pas toujours juste, à l'image de cette encart entre mari et femme, brève dispute autour de la (non-)parité entre hommes et femmes, pamphlet un peu vain prônant un féminisme exacerbé. On a la sensation que, malgré ses presque deux heures de métrage, Julie Delpy a manqué de temps et cherche à fourrer son film autant que possible de clichés (et/ou d'instantanés) de l'époque sur la politique, la culture, les avancées sociales, les stigmates historiques persistantes, chargeant maladroitement son tableau charmant de passages aux transitions douteuses. Le rythme, du même coup, en souffre cruellement, déséquilibré par des séquences tantôt trop longues, tantôt trop anecdotiques.

L'essai n'est qu'à moitié concluant, donc, tant le spectateur, face à ce "film de famille", peine à trouver sa place, et en vient finalement à s'ennuyer, parfois, malgré une fresque réussie de l'époque et de ses contemporains, portée par une réalisatrice de coeur et un casting convaincant et attachant.

Un semi coup de coeur en ce qui me concerne.

P.S.: Le truc qui m'a vraiment touché, c'est l'effet miroir de ce week-end familial, qui m'a évoqué ceux de mon enfance, et le personnage d'Elmosnino, mon oncle disparu.

*ont envie de s'offrir une petite escapade dans le temps, à peu de frais.

*sont tenté par une bonne tranche de nostalgie pure, et de douceur de vivre à l'ancienne (c'était l'bon temps, mes aïeux!): un week-end revival en perspective.

*ont déjà un p'tit moral: pas la peine d'en rajouter...