Magazine Cinéma

[Critique] Utopia

Publié le 14 février 2015 par Pauline R. @Carnetscritique
[Critique] Utopia

Couleurs flashy, accents british à couper au couteau, scénario complètement barré, format 4 :3. Voici les ingrédients de l'explosive Utopia, diffusée sur Channel 4.

A travers une brochette de personnages inquiétants et/ou hystériques, la série se base sur la théorie du complot. Théorie qui s'avère bien réelle, dès les premières minutes ! Ian (Nathan Stewart-Jarrett), Becky (Alexandra Roach), Wilson (Adeel Akhtar) et Grant (Oliver Woolford) entrent en possession d'un manuscrit, Utopia, dessiné par un brillant généticien. Ils se retrouvent très vite confrontés à une organisation prête à tout pour récupérer le manuscrit. Ainsi, comme dans La Mort aux trousses (Hitchcock, 1952), des quidams sont projetés sans vraiment savoir pourquoi dans une cavale angoissante, dont la seule issue semble être leur mort ! Sur leur chemin, ils croiseront Michael (Paul Higgins), membre du gouvernement, qui les aidera malgré les risques que cela encourt.

[Critique] Utopia

Becky, Grant, Ian et Michael.

La série est haletante, le spectre d'une inquiétante Jessica Hyde (Fiona O'Shaunghnessy, hallucinante, à la coupe de cheveux qui l'est encore plus !) planant sans cesse sur les personnages. L'humour anglais est constamment présent, bien que les morts et le sang s'accumulent.

Deux saisons existent pour l'instant, sans qu'une troisième soit malheureusement envisagée chez Channel 4. Le format de six épisodes par saison est parfait et les scénaristes anglais, décidément très doués, développent encore une fois une grande ingéniosité pour condenser l'intrigue et nous offrir une œuvre intelligente et parfaitement rythmée. L'intrigue, à tiroir, alterne courses poursuites haletantes et calme implacable, lié à la recherche de la vérité pour les personnages principaux, et à la menace qui se rapproche.

Utopia est également un objet esthétique. L'étalonnage est unique, produit des couleurs saturées qui donnent un aspect Pop Art et kitsch à l'ensemble visuel. La musique électro hypnotise, souvent répétitive et lancinante, et souligne le climat inquiétant qui plane tout au long de la série. Les personnages, de plus en plus incontrôlables (la palme au tueur psychédélique, Arby, interprété par Neil Maskell), nous immergent dans un univers anxiogène et paranoïaque, qui prend des allures de thriller apocalyptique. La menace devient terrible et nous ébranle en tant que spectateur, tant elle traite de sujets actuels (la surpopulation, les migrations dues au climat, au besoin de nourriture), de manière plutôt crue. Nous sommes tout d'abord révoltés face aux méthodes employées pour prendre possession du manuscrit, véritable clé du savoir . Mais nous nous demandons ensuite si, en effet, la fin ne justifie pas tous les moyens mis en œuvre pour le récupérer.

Utopia nous fait chanceler tout en nous procurant un immense plaisir, tant d'un point de vue visuel qu'intellectuel.

La difficulté, après la diffusion en Grande-Bretagne en septembre 2013 et sur Canal + dernièrement, est de parvenir à la visionner dans de bonnes conditions. En effet, la seule édition DVD qui existe avec sous-titres français tronque la série, provoquant alors des problèmes dans le développement de l'intrigue. Dommage ! Tellement dommage ! Elle reste néanmoins à voir absolument !

Pauline R.

[Critique] Utopia

Les tueurs Arby (Neil Maskell) et Lee (Paul Ready).


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Pauline R. 233 partages Voir son blog

Magazines