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Au revoir rue du Faubourg Saint Honoré

Publié le 26 mars 2014 par Paniervolant

La jeune provinciale, novice et naïve que j'étais avait enfin réussi à se faire une place dans ce monde très fermé de la haute-couture parisienne.
Per Spook, le directeur artistique de la maison, m'apportait beaucoup d'attention et nous sortions fréquemment ensemble dans les endroits les plus chics, branchés ou insolites, ce qui devait probablement créer dans l'équipe du studio chez Louis Féraud une certaine animosité à mon égard.
Un jour il me fit une surprise incroyable, puisqu'il avait organisé un dîner avec Erté que j'admirais tant, dans un restaurant fréquenté par le chef de l'Etat de l'époque, j'en étais toute émue et avions terminé la soirée à Neuilly chez Erté à boire du champagne dans des coupes qu'il avait dessinées autrefois pour Tifany.

Soirée inoubliable, je signais mon nom sur le"livre d'or" qui n'était en fait qu'un des mur du salon. Et voila que mon nom se retrouvait entre Roland Petit, Zizi Jeanmaire et "l'autre Régine", puis il m'offrit un oeuf de Pâques.Il avait apprécié mon style ce qui me flattait sincèrement..........

D'autres fois, Per Spook réalisait des photos artistiques, et je lui servais de modèle, ou encore peignait mon portrait, m'emmenait chez un de ses amis coiffeur pour une nouvelle coiffure etc....


Un jour une série de dessins de tissus que j'avais réalisés au studio, sur un thème de chevrons, en différentes versions noir sur fond blanc avec touches de couleurs, se retrouvaient dans la dernière collection de haute-couture, et légèrement modifiés, ce fut une surprise qui me rendit très fière et je compris enfin que j'étais devenue une muse inspiratrice.
J'avais également participé à la collection qui avait pris du retard et j'aidais à coudre les fourrures entr'autre, pour la première fois de ma vie, même si je n'étais pas novice en matière de couture, ce qui me rendait très fière, et très appréciable pour l'équipe technique.
Or, Louis Féraud apportait beaucoup plus d'attention à son personnel nordique et une certaine indifférence à mon égard.
J'en conclu que mon look branché seventies devait lui déplaire.
De plus physiquement j'étais à l'opposé des têtes blondes nordiques qui composaient son équipe.

Le directeur commercial m'avait posé la question à savoir si je n'étais pas d'origine italienne avec mes grands cheveux noirs.
En y réfléchissant je pensais finalement que toutes ces sorties et familiarités avec le directeur artistique de la maison ne devaient pas être au goût du couturier.
C'est ainsi qu'un jour le couturier annonça malgré mes compétences, qu'une secrétaire lui serait plus utile qu'une styliste pour compléter son équipe, et me demanda de faire un choix.
Je me retrouvais devant un dilemme mais mon choix fut sans hésitation et je le fis au grand désarroi de Per Spook et du vendeur responsable de la boutique.

Je quittais définitivement La maison Louis Féraud.........


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