Hayley, une adolescente de 14 ans entre en contact sur internet avec Jeff, un photographe trentenaire. Contre toute attente, c'est elle qui insiste pour le rencontrer, puis pour aller chez lui pour boire de l'alcool et qu'il la prenne en photo... Mais était loin de s'imaginer qu'il allait reprendre connaissance ligoté à une chaise à devoir répondre à tout un interrogatoire mené par la jeune fille qui, armée d'un bistouri, compte bien savoir ce qui est arrivé à une autre adolescente avec qui il était en contact, une certaine Donna Mauer...
David Slade s'empare d'un sujet sensible, dérangeant, pour un film qui s'avère l'être tout autant. Tout cela démarre assez gentiment, posant les bases d'une histoire que j'étais loin d'imaginer aller aussi loin. Dès le moment où Jeff se retrouve pris au piège dans sa propre maison, une tension et un malaise s'installent et tout cela va aller crescendo jusqu'à un final glaçant ! Difficile d'en parler sans spoiler, mais je vais tout de même essayer. Pour être concis, on se retrouve avec un huis-clos de haute volée où révèle tout son talent du haut de sa petite vingtaine à l'époque. Tout comme le titre du film qui accole la dureté à la douceur des sucreries, Hayley est une adolescente toute mignonne en apparence qui cache en elle une véritable colère qui ne demande qu'à exploser. Face à elle, Patrick Wilson joue tout aussi bien, à la fois prédateur et victime, on ne sait plus vraiment vers qui notre empathie doit aller, et c'est le véritable atout de ce film. Au fur et à mesure que l'histoire avance, on se perd nous-même et on ne sait pas à quel personnage on doit accorder notre confiance. Assiste-t-on à la torture injustifiée d'un photographe pris dans les griffes d'une ado fêlée ou au contraire, à la punition d'un pédophile avéré qui s'est fait prendre à son propre jeu ? Toujours est-il que les dialogues sont parfaitement écrits et que le scénario habilement mis en scène arrive à nous embarquer dans cette histoire sans excès d'artifices ou de violence visuelle, le tout jouant plutôt la carte de la douleur psychologique, tout du moins à l'écran. Malgré toutes ses qualités indéniables d'écriture et de réalisation, il reste quelques incohérences ou maladresses dans la crédibilité de certaines scènes, car la frêle Hayley reprend le dessus parfois de manière assez poussive, et le rôle de la voisine ne sert finalement à rien et vient même casser le rythme du huis-clos qui se suffisait à lui-même.
En résumé : Petit film d'auteur sans prétention, Hard Candy se révèle avoir un impact psychologique énorme sur le spectateur. Nos sentiments sont mis à mal par les rouages d'un scénario malin parfaitement joué par ses acteurs. Quelques déperdition de rythme notamment lors de la scène choc du film bien trop longue, mais dans l'ensemble on sera resté scotché à son siège en attendant la fin de cet affrontement sous haute tension.