Le roman La Planète des singes du français Pierre Boulle a depuis sa sortie en 1963 suscité bien des adaptations (télévision, séries et film). J'avais adoré la version de Burton et j'avais donc hâte de découvrir, dix ans plus tard, celle de Rupert Wyatt traitant des origines de l'intelligence accrue de l'espèce.
Dans un laboratoire, des scientifiques expérimentent un traitement sur des singes pour vaincre la maladie d'Alzheimer. Mais leurs essais ont des effets secondaires inattendus : ils découvrent que la substance utilisée permet d'augmenter radicalement l'activité cérébrale de leurs sujets. César, est alors le premier jeune chimpanzé faisant preuve d'une intelligence remarquable. Mais trahi par les humains qui l'entourent et en qui il avait confiance, il va mener le soulèvement de toute son espèce contre l'Homme dans un combat spectaculaire.
Il faut le dire de suite, Rupert Waytt a bien réussi son coup et nous offre un divertissement riche et puissant pour qui veut bien l'apprécier. Les effets spéciaux à couper le souffle aliés à la technique du motion capture (captation de mouvements) déjà utilisée pour Avatar et autres nous emène dans cet univers de science-fiction, sans barber les plus spétiques avec de la 3D. Ainsi l'acteur de l'ombre Andy Serkis, qu'on connait déjà pour les rôles de King-Kong et Golum, se plonge à nouveau dans le personnage d'un singe en interprétant avec beaucoup d'émotion le rôle de César.
La création d'un tel film demande un travail immense aussi bien du côté de la performence attendue des acteurs mais aussi de celui de l'équipe de montage, des effets spéciaux et images de synthèse. Joe Letteri, superviseur des effets spéciaux et directeur du studio Weta Digital explique d'ailleurs : "Nous avons utilisé des combinaisons de performance capture et des casques pour filmer les expressions faciales des acteurs et enregistrer la totalité de leur jeu d'acteur physique. Mais pour la première fois, les acteurs de performance capture ont été filmés dans de vrais décors en même temps que les autres acteurs comme James Franco et Freida Pinto, ce qui a fait disparaître la barrière entre les effets visuels et les prises de vues réelles. Le tournage ressemblait donc à celui d'un film traditionnel. Les acteurs jouaient vraiment les uns avec les autres, et nous nous sommes occupés des effets visuels plus tard" .
Outre les effets spéciaux bluffant, le long-métrage en se concentrant sur la naissance de l'intelligence accrue des singes souligne la relation d'obéissance et de soumission animale-humain, imposée et acceptée par la société. Pour cela, le réalisateur se concentre sur la relation entre le scientifique Will Rodman (James Franco) et le chimpanzé César (Andy Serkis), fruit d'expériences d'un laboratoire pharmaceutique. On peut donc y voir une tentative de réflexion demandée au spectateur (en espérant qu'elle le poursuivre au delà de la salle de cinéma) : jusqu'où l'homme se croit il maitre ? la nature est-elle prête à tout accepter ? la subordination animale est-elle aussi louable qu'acceptée ?
On note la présence de Freida Pinto, en Caroline, jolie vétérinaire qui viendra se placer aux côtés de Will pour une histoire d'amour quelque peu effacée (ce qui n'est pas un mal). Bien sûr, le film a aussi ses méchants, dont notamment Tom Felton nous faisant un remake caricatural de Drago Malefoy, et David Oyelowo en méchant directeur avide. Quelques éléments clichés donc, mais qui ne sont pas un mal puisque sur toute la longueur le long-métrage sait trouver et accrocher son public.