Kouka aime interpeller celui qui sera amené à voir l'une de ses réalisations.
Sa série baptisée sobrement " sans titre " expose des regards de touareg, très cadrés, parfois difficilement interprétables. S'agit-il d'une femme ? Une femme voilée ? S'agit-il d'un homme ? Amical ou agressif ?
L'artiste joue alors avec le contexte et avec l'interprétation que le quidam pourra avoir de son dessin.
Dans la même veine, il s'amuse à détourner des peintures célèbres et à les exposer sous forme de street art. L'un de ses détournements emblématiques est probablement celui d'une peinture de l'ère soviétique où il s'est mêlé personnellement aux sujets.
Des artistes qui ne déçoivent pas.Le street art est bien plus ancien qu'on ne le croit puisqu'on peut aujourd'hui dater son apparition à une cinquantaine d'années. C'est pour conserver l'expression de sa diversité et sa qualité que Critères Éditions s'attache depuis ses débuts à suivre des artistes qui ne déçoivent pas, ceux dont la démarche humaine est sincère, ceux dont l'art a un sens intrinsèque, ceux enfin qui ont une portée qui va droit au cœur.
Le propos est donc légitime : sortir du carcan du " ça me plait ", " ça ne me plait pas " pour susciter des questions dans l'esprit du public et éveiller les consciences.
Où situes-tu le street art, Kouka ?La filiation est claire et coule de source.
En partant d'une base née de l'art classique, en passant par l'art moderne puis par l'art contemporain, l'art urbain prend une suite logique et légitime puisqu'il s'inscrit dans le cassage de code initié par des artistes comme Marcel Duchamp ou Andy Warhol.
Qu'en pensez-vous M. Levallois ?La démarche de devenir artiste de rue est une question intéressante en soi pour la société. L'art a été trop longtemps intellectualisé en France, sacré comme matière de spécialiste.
Comme pour tout art, le street art a développé et développe encore une véritable culture avec de très bons artistes... comme de très mauvais.
Kouka, quelle différence entre l'art dans la rue et l'art sur la toile ?Kouka ne fait pas de différence entre les deux expressions. Il fait de la peinture avant tout, bien plus intéressé par le message humaniste qu'il souhaite délivrer que par le fait d'être rattaché à un mouvement.
La question de l'éphémère...L'essence du street art se situe dans son caractère éphémère, éphémère comme nos vies.
Installer sauvagement sur une surface il peut être très vite recouvert, ôté par les services techniques de nettoiement.
Faut-il tout de même tenter d'en conserver le souvenir, l'empreinte pour l'avenir ? L'artiste est conscient de l'état fragile de toute son œuvre, c'est la règle du jeu et c'est sa force. Il n'en est que plus magique !
Art urbain, art engagé ?Le street art ne peut pas être dissocié de la liberté d'expression.
Si une loi stipule que chaque municipalité doit offrir un mur d'expression libre, les faits démontrent hélas que la législation n'est pas ou très peu respectée.
Peut-on rapprocher ce manque d'intérêt des pouvoirs publics de la situation des street artist ?
L'activité demeure répréhensible (il est interdit de s'exprimer sur les murs) et peu d'artistes vivent de leur art ou sont visibles médiatiquement : la grande majorité officie sous pseudo et est obligée d'avoir un métier pour subvenir à son existence.
Finalement, s'adonner au street art relève de l'impérieuse envie de s'exprimer bien avant de souhaiter en vivre. Et surtout, il relève du partage.
Kouka anime des ateliers graphiques avec des enfants, un public très vrai et très spontané ce qui cadre parfaitement avec l'esprit du street art.
Pour les plus jeunes, la liberté de création n'est pas un vain mot ce qui rend les échanges très intéressants et enrichissants.
Kouka n'est d'ailleurs pas un cas isolé puisque beaucoup d'artistes interviennent dans des écoles par le biais d'atelier de street art, créant un lien social entre la rue et les institutions plus cadrées.