Pour qui n'y est jamais allé, toute bourgade d' Italie pourrait tout aussi bien porter le nom d'Epinal tant ceux qui y sont allés s'en sont donnés à cœur joie dans la production - ou la reproduction bien souvent - d'images censées faire surgir d'un clic le goût du prosciutto. Les voyages italiens de Bernard Plossu prennent à contre-pied ces images dévoyées par le tourisme de masse en leur donnant une circonstance inverse. Les rares textes qui viennent soutenir ses photographies nous le rappellent sans cesse avec la simplicité du biographique : le photographe fonctionne sans cesse à contre-courant des marées touristiques qui assombrissent depuis longtemps déjà les plages italiennes. Là où tout touriste qui se respecte cible certains endroits à ne pas manquer, il décide de visiter la totalité éparse des petites îles émiettées de la péninsule. Là où le tourisme ne se conçoit pas sans haute saison, il s'attarde sous des climats moins cléments, porteurs de tumultueuses nuées. Et là où en son intime laideur, le tourisme n'est qu'un moyen comme un autre de nourrir son égo, Bernard Plossu se laisse disparaître derrière son objectif.