Esben and the witch au Point Ephémère, Paris, le 21 février 2011
Le groupe Esben and the witch faisait son retour à Paris achevant par la même sa tournée européenne qu'il avait débutée un plus tôt à domicile, à Brighton. Etiqueté comme l'un des groupes à suivre cette année, Esben and the witch est avant tout un trio jouant une musique sombre, très sombre et ce concert n'allait que confirmer ce que j'avais entraperçu l'année dernière à la Flèche d'or. Après deux bonnes premières parties plaisaintes mais jouées à la vitesse grand V, la scène changeait radicalement d'aspect avec deux lampadaires dans le fond qui allaient être les deux points lumineux de tout le concert. Sombre, très sombre, je vous dis.
C'est dans le noir et au son d'Argyria que le groupe fait son apparition même si on a peine à distinguer Rachel, Daniel ou Thomas dans la pénombre. De suite, l'atmosphère est lourde et prend de l'amplitude à mesure que Rachel frappe de plus en plus fort sur son tom. Marching Song vient ensuite avec sa somptueuse introduction. Rachel, comme ce sera souvent le cas, hypnotise par son martèlement possédé et surtout par sa voix douce et inquiétante à la fois. Ses deux comparses ne sont pas en reste en remplissant l'espace sonore de grandes lames de guitares assez saisissantes. La musique semble être jouée dans une de ses forêts entourant un château hanté tellement la fumée est présente sur scène et empêche de voir le visage de Rachel. Après un plus léger Chorea à la mélodie qui rappelle subtilement l'ambiance des westerns, le groupe entame Hexagon IV, très binaire et offrant un réceptable étrangement esthétique pour la fantastique voix hantée de Rachel Davies.
Au milieu du concert, Esben and the witch inteprétait l'un de ses morceaux phares, Lucia, at the precipice, qui est un peu le pendant inverse de Marching Song avec la partie de batterie se trouvant au milieu. Après avoir repris son souffle, le groupe se lance dans un intense course au galop et c'est la petite silhouettte de Rachel qui se dessine devant des spots devenus stroboscopiques, offrant un spectacle assez palpitant pour les sens. La prestation du groupe anglais va se terminer avec Eumenides, chanson assez monumentale dans leur répertoire et ponctuée d'une séquence finale impressionnante ornée de sons électro et d'une rythmique implacable. Après un dernier morceau en guise de rappel, Rachel partait en première de la scène sous les applaudissements du public tandis que Daniel et Thomas faisaient gronder leurs instruments dans un long larsen terminant ainsi un concert aussi étrange que réussi.
Esben and the witch offre une musique assez atypique menée par Rachel, la chanteuse à la voix ensorcelante. L'ambiance du concert était assez bizarre en raison de la fumée projetée qui interdisait tout contact visuel clair tellement elle était épaisse mais celle-ci créait cette atmosphère oppressante qui s'accordait bien à la musique du trio. Ce n'est pas le genre de concert qu'il faut aller voir chaque soir au risque de devenir paranoïaque mais la musique d'Esben and the witch est très intrigante et peu de gens peuvent résister à la superbe voix et à la présence sur scène de Rachel Davies.