Oshen : de retour sur la scène musicale

Par Lamusiquedenosvies

Oshen à la Loge, Paris, le 5 mars 2011

Oshen était de retour sur la scène, la scène musicale s'entend, presque un an après sa prestation aux Trois Baudets. Elle se produisait à la Loge à l'occasion de la sortie de son album intitulé La Pudeur. Oshen a un autre visage, celui de la comédie et c'est sous le nom d'Océanerosemarie qu'on peut la voir évoluer dans son spectacle La lesbienne invisible. Dans une interview précédant son concert à la Loge, Oshen avait indiqué qu'elle ne ferait pas que chanter des chansons à la guitare toute seule sur scène pendant une heure un quart sous peine de perdre la tête mais au contraire de mélanger la musique et la comédie pour créer un spectacle différent.

En première partie, c'est Maud Lübeck qui s'installait au clavier. Elle avait déjà ouvert pour Oshen aux Trois Baudets. Maud Lübeck nous offrait sa jolie collection de chansons de sa voix délicate. S'exprimant avec douceur et parfois un certain détachement, Maud interprétait ses mélodies tantôt légères, tantôt plus graves avec un sens certain pour l'écriture comme sur le très bon C'est Pas Rien qui jouait les équilibristes sur les syllabes. A la fin de sa prestation, elle sortait son téléphone qui allait faire office de boîte à rythme sur Je l'aimais trop. Maud Lübeck était chaleureusement saluée pour cette prestation réussie. Maud se produira à nouveau à la Loge au mois d'avril et de mai.

Après un court intermède, Oshen prenait à son tour la scène. Elégamment habillée et souriante, Oshen empoignait sa guitare très reconnaissable et débutait un spectacle qui allait habilement mêler chansons et parties théâtrales. Oshen dégage une prestance qui est propre aux comédiennes et c'est ce qui fait l'originalité d'Oshen. Elle possède cette rare capacité à être elle-même, quand elle chante, et la seconde suivante d'incarner un personnage fictif sans effort apparent. Après Reason for a journey, interprétée à la guitare et racontant de façon métaphorique les retrouvailles d'une artiste chanteuse avec son public, elle se dirigeait vers l'arrière de la scène pour déguster un petit verre de vin et débutait un premier numéro de comédie où Oshen montrait son goùt pour la dérision qui s'avère drôle sans pourtant autant en faire trop.

Oshen n'allait pas pour autant faire un one-woman show, elle avait pour l'occasion faire venir plusieurs invitées qui allaient donner à cette soirée encore une autre dimension. Maeva Le Berre et Anne Millioud formait la section à cordes (violon/violoncelle respectivement) qui allait très bien seconder Oshen. Elle précisait au passage qu'elle les avait recrutées sur leur physique, tirant de multiples rires parmi le public venu très nombreux. L'acoustique de la Loge était parfaite pour le violon et le violoncelle qui dégageaient de sublimes notes amples ou au contraire incisives. Oshen et une autre invitée, Dounia Sichov proposaient un échange amoureux téléphone portable en main assez exquis qui allait déboucher sur une étreinte sensuelle.

Un peu plus tard, Oshen était rejointe sur scène par Anything Maria qui venait elle-même de jouer un très bon concert à L'international. Oshen plaisantait en disant qu'elle avait casté Anything Maria uniquement sur sa robe blanche à rayures noires en biais. Nouveaux éclats de rire. Les deux artistes chantaient une version intimiste de It wasn't very long ago de Roy Orbison avant de retrouverOshen et toutes ses invitées sur scène pour un numéro savoureux sur la féminité et offrant une petite pique sur le comportement de la gent masculine.

Oshen possède une voix chaleureuse et assurée délivrant de beaux textes recherchés, le tout sur des mélodies délicatement jouées de ses mains agiles. Visiblement très à l'aise et contente de chanter à nouveau, elle interprétait de très beaux morceaux comme La Pudeur ou Les secondes dont les mélodies font penser à une promenade dans une forêt enchantée. En miettes, la chanson phare de l'album, instaure son atmosphère oppressante, accentuée en cela par une section à cordes jouant de courtes notes abrasives. Chanté en anglais, Eurostar au contraire est beaucoup plus léger avec une Oshen qui force volontairement l'accent français par moments.

Le concert se déroule de façon imperceptiblement fluide et on se retrouve déjà à la dernière chanson Dans la peau sur laquelle Oshen fit chanter le public qui se prêta volontiers à cet exercice. Oshen faisait admirer une dernière fois sa magnifique voix au cours d'une chanson interprétée a capella. Le public, impressionné, ne s'y trompait pas et offrait de vives acclamations à Oshen. Ainsi se concluait une prestation originale et variée dont on ressortait très content.

(Je remercie Oshen et Adeline de La Gosse Productions de m'avoir aimablement autorisé à photographier durant le spectacle)