"Angèle et Tony" : un très grand petit film français

Publié le 06 février 2011 par Elsapotine

Le premier film d'Alix Delaporte servi par des comédiens remarquables créé l'évènement, enthousiasme critiques et public. Un coup de coeur d'ElsaPotine.

"Angèle et Tony", une histoire banale ?


Angèle, une fille dans la galère, rencontre Tony, marin pêcheur de Normandie, par le biais des petites annonces. 
Cela pourrait être "un Homme, une Femme". Voire "Jules et Jim". 
C'est vrai, la fille est assez androgyne. 
Mais ce film, par sa forme et ses choix, n'a absolument rien de banal. 
Dans un monde de bruits, de rumeurs et de fureur, "Angèle et Tony" nous invite à pénétrer dans leur univers ponctué par les marées, le souffle de la mer, le rythme lent d'un horizon sans fin, et l'âme de taiseux rivés à l'essentiel. 
A un moment, Tony dit à Angèle : 
- Pourquoi tu me l'as pas dit ? Tu m'as pris pour un con ?!
- Non, mais j'avais peur que tu me jettes... 
- C'est bien ce que je dis. Tu m'as pris pour un con... 
A part quelques tirades de ce genre, courtes, incisives, enlevées, les dialogues dans ce long-métrage n'existent que par les regards et les... silences de ses personnages. 
Remarquée dans les "Chansons d'amour" et autres productions assez parisiennes, Clotilde Hesme, alias Angèle, resplendit dans ce rôle de fille apparentée à celle du film "Extérieur Nuit" - une nana mec cabossée. 
Grégory Gadebois, lui aussi excellent, sociétaire de la Comédie Française, a fait couler beaucoup d'encre. 
Des tonnes pour le comparer à Depardieu. 
Des tonnes pour faire de lui le successeur de Brando. Rien que ça. 
Certaines journalistes se pâment devant sa mâlitude, sa sensualité... 
C'est vrai que Tony nous fait redécouvrir un visage de mec censuré des décennies par le féminisme-ment correct : un type brut de décoffrage dans sa masculinité, déterminé à mener sa barque selon son gré et pointilleux sur son désir de ne pas s'en laisser compter afin de jouer la carte de la sincérité exempte de toutes manipulations. 
On n'a pas l'habitude. De le voir au cinoche. 
Dans la vie, ça arrive. Mais même les femmes bien attentionnées doivent s'accrocher pour faire fi de l'idéologie libertaire transmise par leurs aînées et faire deux pas en arrière pour laisser place et parole à leurs bonhommes. 
Bref, on l'aura compris. Que chacune le dise à sa manière. Il est temps que ce genre de gars - sans jeu de mot - revienne. Pour permettre à ces certaines aventurières des sentiments de trouver leur rédemption et l'espoir dans des joies simples. 
"Tony et Angèle : un film d'auteur qui fera date. 
L'antidote en quelque sorte de "La maman et la putain" qui ressort actuellement. 
Oeuvres et témoignages d'une grande beauté pour marquer différentes époques de l'évolution et la quête des sentiments humains. 
"Angèle et Tony" : Un film économe (de moyens) d'une grande richesse (émotionnelle). 
"Angèle et Tony"
Réalisé par Alix Delaporte 
Avec Clotilde Hesme, Grégory Gadebois, Evelyne Didi... 
Musique *** de Mathieu Maestracci, d'une grande élégance symphonique.

Mais encore, l'oeil cinématographique d'ElsaPotine :

Tamara Drewe

Les Petits mouchoirs

Les chemins de la liberté