Le Messie prolonge l’année Haendel à Pleyel

Publié le 28 mars 2010 par Adurand


L'année Haendel est terminée, mais le Messie est immortel. Depuis longtemps la plus connue des œuvres du grand compositeur est jouée, rejouée, relue, ressuscitée, repensée, si bien qu'on se demande parfois ce qu'une nouvelle lecture peut bien apporter à un oratorio qui fêtera ses deux cent cinquante ans l'année prochaine. Et en tout cas, il est permis de douter que le Concert spirituel et son directeur musical Hervé Niquet soient les mieux placés pour renouveler notre lecture de cette œuvre.

C'est en effet à un drôle de mélange que se livre le chef d'orchestre, à mi-chemin entre plusieurs écoles interprétatives, sans que ces demies-mesures puissent s'assimiler à un dépassement de ses prédécesseurs. Au contraire, si le Concert spirituel et Hervé Niquet ont repris à la tradition baroqueuse le retour des instruments anciens et un certain type de couleurs, il conserve des tempi lents et une certaine pesanteur beaucoup plus proches des interprétations traditionnelles. On mettra à leur crédit une assez grande variété doublée d'une absence réelle de dogmatisme qui permet d'épouser la diversité de l'œuvre.

Il faut enfin mettre au crédit de cette interprétation les grandes qualités du chœur du Concert spirituel, qui parvient à un équilibre de tous les types de voix, au point d'être capable d'une palette de nuances d'une rare souplesse. L'orchestre est moins irréprochable, surtout si l'on considère les effarants grésillements du clavecin, pénibles au point qu'on n'entend parfois qu'eux.

Terminons par un mot des chanteurs, séduisants sur le papier, mais finalement assez décevants. Dans l'ordre décroissant, la seule vraie bonne surprise vient du baryton-basse Roderick Williams, à la voix franche et généreuse, précise et sonore. La soprano Rosemary Joshua a également quelques beaux atouts à faire valoir, grâce à un timbre clair et très pur. En revanche, malgré de belles références et une voix hors norme par sa facilité dans le grave, la contralto Sara Mingardo semble étrangement peu impliquée, ne se donnant même pas la peine de donner à sa voix le volume dont elle est manifestement capable, mais sans que cet intimisme s'harmonise avec la lecture générale d'Hervé Niquet. On aimerait pourtant réentendre cette voix étonnante plus impliquée et mieux soutenue. Quant au ténor Andrew Tortise, il est carrément transparent.

Bref, si le spectacle n'est pas désagréable, il ne décolle presque jamais même si on doit encore une fois souligner les grandes qualités du chœur. Mais après une année Haendel qui nous a réservé quelques excellentes surprises, on semble retombé dans la routine.

de Georg Friedrich Haendel, à la Salle Pleyel le 26 mars 2009.