Il y a deux semaines, nous revenions de notre "road trip" en Namibie sous un ciel typique de novembre à Paris : froid, humide et gris. Et c'est toujours dans ces moments là, une fois de retour, qu'on prend pleinement conscience de ce qu'on a vécu. Pour prolonger peut-être cet état en apesanteur "ni tout à fait revenu, ni tout à fait parti de là-bas", nous nous sommes réfugiés dans notre tanière pendant tout le week end comme pour mieux garder un trésor qui risquait de disparaître à tout moment une fois le nez dehors.
Pendant plus de deux semaines, les paysages que nous avions fantasmé à travers les images et les livres, sont devenus une réalité quotidienne. Je peux très vite laisser échapper un florilège de superlatifs qui tous seront assez plats... alors pour être très simple: on a adoré La Namibie.
Chacun de nous porte un fantasme de voyage, et nous, nous avions ce rêve de découvrir une petite partie d'un continent essentiel à nos yeux : l'Afrique. Avec beaucoup d'humilité car nous la connaissons pas ou très peu, mais avec à l'esprit que c'est par elle que tout a commencé et que ses pays méritent bien plus que certaines méprises, condescendances... Qu'elle soit tristement automutilée par ses guerres intestines, les ravages ou non de la colonisation, les effets pervers d'une certaine mondialisation, l'Afrique est un continent essentiel et le restera. La Namibie a été notre porte d'entrée, notre première terre d'accueil pendant ses nombreux jours à la parcourir.
Souvenir de ses terres désolées, assoiffées par ses immensités infinies de déserts, ses lumières, ses dégradés de couleurs et de reliefs, ses savanes où les animaux sauvages savent survivre et s'acclimater à ce que la nature leur offre.
Souvenir des rencontres avec un peuple aux origines diverses, ovambo en majorité, herrero, bushmen, damara, capriviens, himbas mais aussi les afrikaans, les allemands : une mosaique de gens qui font la richesse d'une des plus jeunes démocraties d'Afrique.
Souvenir de ces pêcheurs qui sont tous venus nous aider alors que nous nous étions embourbés dans les dunes. Ils étaient huit, tous venus des quatre coins de l'Afrique Australe, de l'Angola, du Zambie, du Mozambique, tous venus sur la côte atlantique pour gagner un peu plus leur vie... Leurs sourires, leurs regards et les échanges que nous avions eu lors de notre retour tous ensemble sur la plage, on s'en souviendra encore longtemps, tout comme notre jeune guide à Twyfelfontein qui nous a raconté pendant plus de deux heures, rien que pour nous, l'histoire de ces gravures ruprestres, premier monument namibien inscrit au Patrimoine mondiale de l'humanité, alternant contes et récits authentiques.
Et puis la confrontation avec cette nature aride, sèche, quasiment hostile par certains moments, mais diaboliquement belle. Cette sensation d'infini qui pourrait pour certains devenir un enfer alors que pour nous, à la recherche de ces paysages presque lunaires, la sensation de liberté face à cette foudroyante beauté a été saisissante.
* Pour nous plonger dans l'histoire et la culture namibienne, nous aider à sillonner le pays, notre guide a été la récente édition française du guide Lonely Planet sur la Namibie.
** Et le livre qui m'a accompagné durant le voyage était loin de la Namibie, dans la Barcelone des années 50. Un classique de la littérature espagnole, un grand roman d'aventures. Par ses lumières, ses clairs-obscurs, la fièvre de cet été insolent de tous les possibles, il était en phase avec ce road trip qu'on avait envie de prolonger à l'infini: Teresa l'après-midi de Juan Marsé, coll. Signature / Editions Points Seuil. A découvrir dans un prochain billet de Culture sur le Zinc...