Faire du neuf avec du vieux.
Les vêtements déjà portés et usés n'étaient donc pas jetés. Bien que déchirés, en lambeaux et les couleurs fanées, le vêtement était mis en pièces pour permettre le tissage d'une nouvelle étoffe. Sémantiquement , le mot 'sakiori' est la combinaison de deux mots 'saki' soit 'déchiqueter' et 'ori' soit 'tisser'. L'étoffe élimée est déchirée en lanières de 3 mm environ, puis elle est enroulée en pelotes. Ces bobines serviront de trame au tissage de bandes de tissu de 30 à 40 cm de large sur un 'jibata' ou 'takahata' , métier à tisser. Le tissu ainsi obtenu est plus lourd, plus solide, et plus chaud bien qu'imparfait avec ses bosses et ses épaisseurs, ses couleurs délavées et son aspect inégal.
Cette technique peut évoquer pour certains le " rag rug weaving " des américains, à la différence près que la chaîne du sakiori est constituée de fils de chanvre ou de coton alors que pour le tissage américain, la chaîne et la trame sont de même nature. Le sakiori fait plutôt penser au tissage ' trasmattor ' suédois pratiqué avec des bandes de chiffons plus larges de 1 à 1.5 cm.
Il existe un autre type de tissage japonais, le ' zanshi ' soit vestige 'ou 'reste' qui permet, lui, d'upcycler les chutes de fibres textiles utilisées dans le tissage de grandes pièces avec des motifs colorés. Les tissus obtenus avec ces fibres trop courtes étaient vendus à l'époque comme second choix.