On le croyait calme, enfin "présidentiel," tout secoué qu'il fut par sa courbe d'impopularité et ses échecs électoraux. Fausse alerte ! "L'agité est de retour." Il se lève tôt, exhibe son épouse, lance des idées à la pelle. Cette 56ème semaine de Sarkofrance fut un bel exercice de confusion : l'agitation cache l'inaction: un déplacement en province le lundi, une visite à Rungis le mardi, un saut en Pologne le mercredi, un dîner avec Poutine le jeudi, un voyage en Autriche le vendredi.
Nicolas se lève tôt
Mardi, Sarkozy a déboulé dans Rungis. Il a laissé entendre que son épouse Carla s'est décidée au dernier moment. Il retrouve ses accents de campagnes, au contact de la France qui se lève tôt. il a prudemment évité de croiser les poissonniers. La grave crise des pêcheurs l'en a dissuadé. Ensuite, il accourait chez RTL. "Rien n'a été organisé avec l'Elysée," a tenu à préciser Christophe Ondelatte, qui anime la tranche matinale de la station. Rien ? Vraiment rien ? Serait-ce une prise d'antenne sauvage ?
Nicolas a beaucoup d'idées
Avait-il donc quelque chose à annoncer pour se lever aussi tôt ? Effectivement, il fit quelques déclarations. Tétanisé par le pouvoir d'achat, il a fusillé d'avance l'une des recettes de financement de France Télévisions imaginée par la commission Copé: l'indexation de la redevance audiovisuelle sur le coût de la vie. Les parlementaires socialistes ont claqué la porte, les syndicats de l'audiovisuel public ont annoncé une grève, des professionnels ont lancé un appel au secours.
Autre annonce, moins dangereuse car immédiatement retoqué par la Commission Européenne : la baisse de la TVA sur l'essence. Nicolas Sarkozy aurait pu promettre un "Grenelle de l'énergie." On aurait parler des énergies renouvelables, chiffrer des engagements concrets en faveur du transports collectifs et du fret. Bref, on aurait pu parler de sujets symboliquement évoqués par le Grenelle de l'Environnement... neuf mois plus tôt.
La veille, il avait expliqué qu'il voulait doubler l'intéressement des salariés«en quatre ans», avec un crédit d'impôt de 20% sur la totalité des primes versées pour les entreprises qui n'avaient pas d'accords d'intéressement jusque-là. Histoire de faire oublier que la prime pour l'emploi allait bientôt disparaître pour quelques 2,5 millions de salariés pauvres, pour financer le déploiement du RSA.
Mais Nicolas est cachotier
Il est bon, et utile, de rappeler que la Cour des Comptes vient de corriger le déficit budgétaire de l'an passé. On nous aurait menti. La polémique récurrente sur les chiffres du chômage ne suffisait pas : le nombre de chômeurs, pardon "de personnes à la recherche d'un emploi à temps complet" a baissé de 0,4% en avril.
On nous cachait également la très forte progression des défaillances d'entreprises, petites comme grandes: Fin avril, ce chiffre s'établit à 52.899 cas, soit une hausse de 9,9% sur un an...
Sarkozy n'a pas non plus réagit aux déclarations du Commissaire européen aux droits de l'homme, en visite à Paris vendredi dernier. Thomas Hammarberg, s'est pourtant inquiété de la surpopulation carcérale et de l'inefficacité de la politique d'immigration.
En fait Sarkozy est agacé.
Son propre camp lui fait défaut. Il court-circuite un peu plus son Premier Ministre en conviant des Conseils des Ministres "bis", avec 7 fidèles grognards; il veut se débarrasser de Jean-François Copé. Ses députés infligent un camouflet à sa Garde des Sceaux. Même le Président de l'Assemblée Nationale s'y met: Bernard Accoyer a demandé au CSA de plancher sur le décompte du temps de parole présidentielle.
"S'agiter plus pour agir moins", nouveau slogan de la Sarkofrance.
Ami Sarkozyste, où es-tu ?&alt=rss