Un ami de ma mère: "Mais, tu aurais pu me prévenir que Nolde avait adhéré au parti nazi! C'est différent avec Céline, j'appréciais son talent en connaissance de cause!"
Moi, je n'avais que des bribes de connaissances concernant cet artiste du nord de l'Allemagne! Des couleurs criardes, des traits épais, des impressions fortes et violentes...dans la lignée de ma découverte de peintres allemands tels qu'Otto Dix ou Max Beckmann. Et puis, familiariasation avec le mouvement "die Brücke" à l'occasion de séjours répétés à Berlin: Nolde, Liebermann, Kirchner... Enfin, la lecture du magnifique roman de Siegfried Lenz fortement inspiré de la vie de Nolde.
C'est vrai, peu de références au nazisme! Un peintre dégénéré, respirant à travers la peinture, à qui on interdit de peindre et de vivre, Hitler entrant dans le bureau de Goebbels et voyant une peinture de Nolde: "Das ist unmöglich" (c'est impossible). Et pourtant, Nolde est fortement attaché à son village natal, se situant à la frontière avec le Danemark, tellement attaché que Nolde, en fait, c'est le nom de son village, un attachement tellement fort à l'Heimat qu'il a peut-être pu se retrouver un instant dans les idées folles d'Hitler, qui finalement lui interdit de peindre. Pour toute réponse, Nolde nous offre "ses images non peintes".
Le totalitarisme ne laisse pas de place aux "Phantasien" de l'artiste, à l'expérience esthétique vécue par Nolde face à l'eau, la mer, les marais. Je découvre une lumière incroyable, apparemment empruntée à Munch. (dixit commentaires de l'expo).
Et puis, des interprétations pas très catholiques de la bible, surtout pour un protestant!!!
Une critique d'un Berlin mondain et futil, pour un paysan aux yeux clairs et perçants.
Enfin, des estampes: lithographies, gravure sur acier avec ou sans pointe sèche...Une précision impressionnante dans les traits qui contredit cette vision grossière que j'avais de l'artiste.
Un moment fort!!!