Transport

Publié le 09 mai 2010 par Annepaulerville

Entre la SNCF* échouée sur la grève, l'avion qui se crashe et le volcan qui tousse, les transports des semaines passées ne battirent guère de records de vitesse. Il faut dire qu'avec les tonnes de kérosène qu'on lui postillonne à la figure, il eût été étonnant que la surface terrestre ne finisse par éternuer ! Car la fonte des glaces (due au réchauffement climatique, donc en partie aux transports) diminuant la pression au sommet des volcans islandais, ceux-ci jaillissent joyeusement, comme des bouteilles de champagne sans bouchon. Version aérienne de l'arroseur arrosé : l'enfumeur enfumé.

Sans aller jusqu'à l'austérité mystique de Pascal (le moraliste et mathématicien du XVIIème siècle, pas la star de télé) pour qui " tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre ", on peut se demander quelle mouche a piqué tant de gens pour qu'ils s'agitent ainsi frénétiquement d'un aéroport bondé à une gare surpeuplée. Entre tourisme de masse et délocalisations insensées, peut-être serait-il temps de revenir à plus de raison ? Qu'y a-t-il donc de si impérissable à l'autre bout du globe qui mérite de déplacer des montagnes de personnes et de fret ?

Comme si l'on voulait croire qu'on pouvait oublier ses soucis et se fuir soi-même en multipliant les kilomètres, alors qu'il est tellement moins cher de pratiquer le " voyage intérieur ". De provoquer des transports de joie et d'émotion en tous genres grâce à un livre, un film, ou simplement un peu d'imagination.

" S'évader " en pensée. Une belle métaphore. Or " métaphore ", en grec, ça signifie " transport " : on transporte littéralement le sens d'un mot de l'abstrait au concret, du propre au figuré. Et c'est drôlement moins lourd que des caravelles d'acier.

Mets ta laine et prends pas froid. Métaphore et prends pas l'train.

Publié dans l'Hebdo du Vendredi le 30 avril 2010

* Après l'Education Nationale - mammouth, voici la SNCF - baleine (échouée).

Published by Anne Paulerville - dans Chronique : Le mot du jour