Auteur : Rodrigo Rey Rosa
Editeur : Gallimard
Nombre de pages : 152
Date de parution : 6 septembre 2012
Présentation de l'éditeur :
Manège est un petit bijou, une oeuvre d'une efficacité et d'une simplicité prodigieuse, un récit qu'on engloutit d'une traite avec passion. Il nous raconte une enquête policière et littéraire autour d'un supposé accident : l'incendie qui vient interrompre abruptement la fête du quatre-vingt- huitième anniversaire d'un patriarche local, don Guido Carrión, et l'exhibition de plus beaux chevaux andalous de son haras.
Après l'incendie, le corps de Douro II, l'étalon aux cent mille dollars, l'un des animaux préférés de don Guido, est retrouvé carbonisé au fond des écuries du domaine de la famille Carrión, le domaine Palo Verde, une superbe propriété dans l'arrière-pays de la côte pacifique du Guatemala. Un avocat et un écrivain, qui ont assisté à la découverte du cadavre, vont mener l'enquête sur cet " accident " et au cours de leurs recherches, comme dans les meilleures tragédies grecques, ils vont nous montrer la face cachée d'une famille et d'un pays rongés par la violence et par le mal. Mais, comme toujours, l'essentiel est ailleurs, car, en réalité, ce roman est censé ne pas exister : l'avocat voudrais pousser l'écrivain à écrire un livre sur cette affaire, mais celui-ci, après avoir risqué sa vie à plusieurs reprises au cours de l'enquête, décide de ne pas l'écrire car il serait trop dangereux de le faire. Nous avons donc devant nous un objet paradoxal : un roman qui ne sera jamais écrit, ou qui n'a jamais été écrit, ou encore, qui ne peut plus être écrit aujourd'hui au Guatemala ou en Amérique latine...
Avec Manège, Rodrigo Rey Rosa atteint dans son oeuvre un niveau de réalisme sans précédent, qui ne doit rien au sang versé dans chaque chapitre. Plus subtile, la violence est partout, comme l'air que l'on respire, et elle devient de fait l'une des formes de la respiration naturelle du récit. Elle ne trouve plus d'explication ni de justification sociale ou politique : les riches et les pauvres, les jeunes et les anciens, les délinquants et les hommes les plus honnêtes, tous habitent désormais la maison de la violence avec un naturel que le roman nous fait sentir au plus profond de nous-mêmes. C'est pourquoi, à la fin, tout reste ouvert et la vie continue... dans la violence, bien entendu.
Un roman remarquable, sobrement et efficacement raconté avec une prose agile, toujours colorée d'un certain charme exotique.
Le narrateur, écrivain, est le fils d'un ancien propriétaire de chevaux, celui qui importa le premier pur-sang d'Espagne au Guatemala. Invité avec son père à une représentation équestre dans le plus grand ranch de la région, il fait la connaissance de cette puissante famille guidée par le patriarche octogénaire, Don Guido. À cette occasion, il est témoin de l'incendie du box du plus cher cheval de l'écurie. Qui a tué ce superbe pur-sang?
Jésus Hidalgo, avocat et notaire, suggère au narrateur d'écrire un livre sur cette histoire et lui propose son aide pour lui fournir les détails.
Ils vont tous deux enquêter sur le ranch et se retrouve au cœur d'un règlement de compte familial. L'auteur instaure alors une énigme complexe et une ambiance étouffante. Le patriarche et son fils, La Vieille sont autoritaires et sournois. Le petit fils rebelle veut reprendre son héritage. Mais la belle amazone allemande vient compliquer la situation familiale par ses relations avec les différents membres de la famille.
De cette expérience où il risque sa vie, l'écrivain aura-t-il le courage de publier un récit?
J'ai apprécié l'intrigue, la confrontation des personnages et le contexte de ce monde un peu mafieux des grands propriétaires terriens. Il me semble toutefois que le ton souvent trop externe, le récit de cet observateur un peu froid et le manque de recul sur l'histoire familiale ne permettent pas au lecteur de s'investir avec intensité dans cette histoire.