Auteur : Arni Thorarinsson
Editeur : Métailié
Nombre de pages : 310
Date de parution : 4 octobre 2012
Présentation de l'éditeur :
La postière, sourde et sans le sou, tuée a Akureyri, et le capitaliste de Reykjavik,"nouveau Viking" à la tête d'un portefeuille de millions en créances, n'ont aucun rapport. Pourtant le destin fait se croiser leurs chemins lorsque, malgré l'opposition du commissaire de police qui le déteste, Einar enquête pour son journal en perte de vitesse sur la disparition d'une petite fille. Einar, ironique et tendre, a rarement été confronté à un crime aussi complexe. Rien ne s'est passé comme le voulait la logique. Portrait caustique et désabusé de l'Islande contemporaine, ce roman témoigne de l'évolution rapide des moeurs et de la corruption des âmes. Le surprenant retournement final est dérangeant dans sa description de l'innocence perdue et de l'irréversibilité des changements de société. L'intrigue resserrée et bien menée entraîne le lecteur fasciné aux côtés de cet enquêteur à la fois nonchalant et lucide. Un roman passionnant, éclairant et terrifiant. Une vraie réussite.
Ce que j'aime chez les auteurs de policiers nordiques, c'est le ton. Dès les premières pages, je me cale dans l'atmosphère parce que le narrateur est plaisant et complet. Il n'y a pas que l'enquête, il y a la vie des gens, les discussions entre amis, parents ou collègues.
De plus, l'intrigue est intéressante et bien menée. Nous sommes juste après la crise économique en Islande, lorsque les nouveaux Vikings, ces hommes d'affaires qui ont un peu abusé de la situation se retrouvent ruinés.
L'auteur construit un complexe écheveau d'intrigues. Il y a d'une part la mort de cette jeune factrice malentendante découverte par notre journaliste, Einar. Puis cette interview du richissime homme d'affaires, Ölwer qui amènera la disparition de sa petite fille, Margret Bara. Einar couvre ces différents sujets dans le journal où il travaille, Le journal du soir.
Sur ces deux enquêtes principales vient aussi se greffer une enquête personnelle d'une de ses collègues, Sigurbjörg, concernant un ancien chanteur de rock aujourd'hui sur la touche, Rikhardur Hansson.
Toutes ces recherches se mêlent habilement, avec le quotidien des personnages, si bien que vous ne pouvez plus lâcher le livre et que vous êtes complètement happés par le suspense.
Les personnages sont très bien analysés, les caractères se dévoilent. Ölwer, le père égoïste et avide de pouvoir et d'argent finit par craquer. Sa femme, en instance de divorce, lâche des vérités, meurtrie par le chagrin et perdue dans l'alcool. Mais ces sentiments mettent en évidence la décadence de cette classe pourrie par l'argent, la perte des valeurs de cette nouvelle société islandaise.
" Rien de ce que nous pouvons acquérir n'a plus de valeur que nos enfants. Sans eux, nous n'avons aucun avenir. J'avais perdu cette vérité essentielle et évidente."
" On se demande parfois si la seule chose qui unit cette nation ne se résume pas à un ensemble de signaux GSM, de conversations téléphoniques, de SMS, de photos ou de vidéos prises avec des portables, et je ne sais quoi encore. Qui a besoin de liens familiaux alors qu'il possède un portable?"
Einar est un personnage très attachant, naturel, plaisant et humain. Il a son humour, ses valeurs, ses coups de gueule, ses affinités et ses rivalités au sein de la police.
"- Derrière chaque grande fortune, il y a un grand crime, qui a dit ça?
- Je l'ignore, Hannes. On est lancés dans une nouvelle partie du Trivial Pursuit?
Voici donc un roman policier comme je les aime, riche, bien construit et humain.
Je remercie les Éditions