Peut-on parler de mal chance pour Djibril Cissé ? Après avoir raté sportivement la Coupe du monde 2002 en Asie comme tout le monde. Après avoir raté l’Euro 2004 à cause de sa suspension de trois matches contracté lors d’un Portugal-France en espoirs qui restera dans les annales de l’arnaque. Après avoir raté le mondial 2006 pour s’être pété la jambe droite contre la Chine à Saint-Étienne (alors qu’il avait fait la gauche en 2005). Voici Cissé recalé par le sélectionneur Raymond Domenech pour participer à l’Euro alpin. Il y a de quoi avoir les nerfs !
Parce que Cissé aurait pu arrêter le football après deux fractures ouvertes tibia-perronet. On l’aurait compris et les mouettes de Marseille lui en auraient été reconnaissantes.
Mais force et de constater avec quel entêtement l’ancien auxerrois s’est battu contre la fatalité, son corps, les pronostics médicaux et les quolibets pour revenir à ce qui semble être son plus haut niveau – possible en tout cas. Le Marseillais a inscrit 16 buts en ligue 1 cette saison, quand même.
Avec tant de malchance dans sa carrière professionnelle (il faut tout de même relativiser, il brasse des millions…), Cissé est pouassard avec les bleus. L’astrologue Raymond Domenech a-t-il préféré s’épargner un chat noir dans son groupe ? Le débat mérite d’avoir lieu…
Le fait est que Cissé, convoqué dans la liste de 30 pour le stage de Tignes du 18 mai s’est pris en pleine gueule le bus Bafétimbi Gomis. La comparaison est crispante pour le Marseillais. Titulaire à la pointe de l’attaque Française lors du match amical contre l’Équateur (2-0), Cissé n’a rien montré si ce n’est une tête sur le gardien. L’ancien auxerrois s’est ensuite mis à engueuler ses coéquipiers, comme d’hab. Sorti en seconde période, l’attaquant a vu du banc de touche Bafé Gomis réaliser un doublé pour sa première sélection. Au stade des Alpes, il flottait dans l’air que Gomis allait être de ceux qui allaient franchir le lac Léman. Pas Cissé. Après tout, pourquoi pas, Gomis a démontré une aptitude assez inédite à jouer en pivot (et surtout à se rendre disponible entre les lignes) apportant de la fraîcheur à l’attaque tricolore. Le marquage équatorien étant tout de même très élastique en seconde période. Deux buts pour sa première cape (comme Zizou en 1994 contre la République Tchèque, mais ce ne sont pas les seuls), Gomis semble déjà avoir davantage de consistance que Pascal Chimbonda en 2006, le sélectionneur s’est senti « obligé de la prendre ».
Raymond Domenech a clamé haut et fort toute la saison que le poste de gardien de but était « spécifique », qu’il avait besoin de « stabilité » En ce sens, sa hiérarchie des gardiens était quasi inébranlable. Le « quasi » prenant tout son sens avec l’éviction de Mickael Landreau et l’arrivée de Steve Mandanda. La nouvelle hiérarchie est « donc 1. Coupet et 2 bis. Frey et Mandanda ». S’il y a effectivement surprise, ce n’est pas la stupeur générale qui a généré l’exclusion de Landreau tant le Parisien a été fébrile cette saison ponctuant sa saison de boulettes diverses et variées comme autant de pierres dans le jardin de Raymond. Bien sûr on dit ça à posteriori. On dira que tout avait commencé avec la frappe de Mc Fadden lors de France-Écosse au Parc des Princes le 12 septembre dernier . La saison du PSG n’a pas aidé, forcément. Et même si Mandana ne s’est pas montré irréprochable lors de la fin de saison (notamment contre Lille), le Marseillais a le mérite de faire le buzz et la quasi-unanimité, même chez les Parisiens, là où Landreau faisait plus ou moins l’unanimité contre lui. De coup, c’est Frey qui se retrouve numéro 2 bis, malgré sa boulette légendaire en Ukraine avec ces fameux projecteurs contrariants.
En tout cas, le sélectionneur a su prendre sur son affectif en se séparant de deux joueurs avec lesquels il est assez lié et qu’il suit depuis les Espoirs.
Les tricards de Tignes : Philippe Mexès, Mathieu Flamini, Hatem Ben Arfa, Alou Diarra, Djibril Cissé et Mickael Landreau.