Si hier, on était en pleine mélancolie irlandaise, on se retrouve en plein désert américain en compagnie du 9ème album de Calexico, Edge of the Sun, qui se trouve lui aussi en écoute en avant première sur NPR. Quelle belle invention, ce site.
Calexico est un groupe prolixe, avec plein d’amis dans leurs bagages. On avait déjà bien accroché à Algiers sorti en 2012 même s’il était peut-être moins multifacettes qu’un Feast of Wire. Et encore. Mais là n’est pas le débat. Cumbia de Donde nous avait soufflé il y a quelques semaines, tandis que Falling from the Sky était aux antipodes. Comment réussir à allier ces deux morceaux dans un album, voilà la lourde mission qui incombe à Calexico et on n’a nul doute sur leur capacité à relever le défi.
En fait, Calexico ont un talent assez impressionnant pour te faire voyager dans des territoires inconnus. Dès la première écoute d’Edge of The Sun, on s’est retrouvé transporté, à bloquer sur le clavier pendant de longues minutes, si bien que quand on a repris nos esprits, une grosse moitié de l’album était passée. Foi de Touteouïe, c’est très bon signe.
Après plusieurs écoutes, on est fin prêt à te partager nos impressions sur un album lumineux, sombre, inquiétant et chaleureux. Il n’y a qu’à écouter Falling from the Sky, certes plus classique pour du Calexico, mais quand même bien habillée par les cuivres et un rythme haletant. Bullets and Rocks suit mais s’éloigne déjà de la joie musicale du premier morceau. Au préalable, ça semble déjà plus sombre avec la voix de Joey Burns tirant dans les graves, mais les chœurs surélèvent le tout. On n’oublie pas les trompettes, évidemment, ça reste Calexico. En seulement deux morceaux, on se dit qu’Edge of the Sun est plutôt varié. Que vont-ils faire ensuite ? Un peu de country ? C’est parti pour quelques minutes, avec When the Angels Played.
On repart sur la route avec Tapping on the Line qu’on pourrait facilement écouter au volant d’une décapotable sur la route 66 alors que le soleil se lève. Direction, Cumbia de Donde qu’on aime, qu’on aime, qu’on aime. C’est hispanisant, c’est caliente et groovy à la fois. On ne s’en lasse pas.
Miles from the Sea met en avant la belle voix de Joey Burns, avec un peu d’aide de violons bien discrets. On se laisse emporter par les lamentations et les vagues de chœurs de Gaby Moreno à l’arrière. Coyoacan est un morceau instrumental typique de l’héritage multiple du groupe de Tucson. Sans doute des réminiscences de leur trip à Mexico City à la recherche d’inspiration pour Edge of the Sun. Et puis, merde, il y a de l’accordéon ! Miam !
Beneath the City of Dreams remonte le moral en un rien de temps et laisse la chaleur reprendre le dessus avec une nouvelle fois, la participation de Gaby Moreno. Ça donne envie de danser, si seulement, on savait comment ! Woodshed Waltz reste dans la danse puisque c’est une valse chargée de guitares en tout genre.
Plus que trois titres et notre voyage se termine. Moon Never Rises s’éloigne de ce qu’on a entendu depuis quelques minutes. La musique n’a rien à voir avec ce qui se dit dans les paroles puisqu’on évolue dans les ténèbres alors que musicalement, on est porté par un rythme joyeux, la jolie voix de Carla Morrison et les trompettes. Ok, on a aussi l’impression d’entendre des loups-garous dans un coin mais bon, c’est pas grand-chose !
On reste dans le noir avec World Undone et sa guitare intrigante. Apparemment Joey Burns n’a pas dormi depuis 3 jours. Ça se sent, on l’entend à peine au début du morceau qui monte en intensité au fur et à mesure des minutes qui avancent. On se laisse emporter par une tempête finale, hypnotique à souhait. Mais Follow the River semble remettre un peu de lumière dans l’orchestration de Calexico. En plus, ils se sont accompagnés de Nick Urata de Devotchka pour ce final. La tourmente est terminée « I can’t give up now ». Tant mieux.
Encore une fois, Calexico livre un très bel album, varié et inspiré. Un mauvais album de Calexico ? Ça ne semble pas prêt d’arriver. De loin l’un des groupes les plus constants en matière de qualité musicale depuis 20 ans. Si tu ne nous crois pas, écoute un peu, tu verras !
Edge of the Sun sort le 13 avril prochain et les veinards de Paris auront la chance d’applaudir le groupe le 26 avril prochain au Trianon.