Après avoir consacré un article aux films dont la vision peut s'avérer particulièrement éprouvante pour une femme enceinte, je me suis dit qu'il fallait en donner le contrepoint. Histoire de ne pas rester sur des impressions négatives... Histoire aussi de donner quelques idées à celles qui souhaitent mettre devant leurs yeux des images en adéquation avec le bonheur qu'elles attendent. Voici donc quelques œuvres qui ont en commun de présenter des scènes d'accouchement particulièrement émouvantes.
Le film qui aborde le plus évidemment la naissance est un documentaire sorti sur les écrans il y a moins de deux ans. Dans "Le premier cri", Gilles de Maistre suit les parcours d'une dizaine de femmes aux quatre coins de la terre, toutes rassemblées par l'enfantement qu'elle s'apprête à traverser. Le réalisateur nous les présente à quelques jours du terme et filme leurs accouchements respectifs avec juste ce qu'il faut de distance pour éviter le voyeurisme. L'émotion ressentie par le spectateur est, à mon sens, parasité par un montage trop haché. Mais la démarche consistant à célébrer l'unité de l'humanité à travers le caractère universel de la maternité est belle, malgré des approches de la naissance parfois très différentes, notamment dans sa médicalisation. Comme partout, certains accouchements sont plus compliqués que d'autres, voire dramatiques. Mais "Le premier cri" reste un film résolument optimiste qui célèbre la femme et son aptitude à transmettre la vie.
Comme en négatif, c'est justement cette capacité à porter un enfant que les femmes ont perdu dans "Les fils de l'homme". L'œuvre du mexicain Alfonso Cuaron est un film d'anticipation qui nous projette à quelques années dans notre temps dans un monde où les femmes ont perdu leur fertilité. La personne la plus jeune sur Terre a déjà 18 ans et l'extinction de l'espèce humaine paraît de plus en plus évidente. Jusqu'à ce qu'une femme tombe enceinte et, devienne bien malgré elle, un enjeu politique. Le film est plutôt sombre dans son ensemble, mais une séquence l'illumine. Dans une pièce délabrée naît un enfant qui représente l'espoir de l'Homme. L'accouchement est filmé en un plan-séquence, avec des mouvements de caméra très doux qui enveloppent les personnages jusqu'à l'arrivée du bébé qui, après une petite phase d'apnée, pousse son premier cri. L'ensemble est saisissant de réalisme et très touchant.
Tout aussi réaliste, voire franchement documentaire, l'accouchement présenté dans "Shara" est un sommet de pudeur et d'émotion contenue. Là encore, la lus grande partie de la naissance est filmée en plan-séquence, sur un rythme qui sied parfaitement à la sérénité qui émane de ce moment partagé. Car c'est chez elle et entourée de ses proches que cette mère de famille japonaise, interprétée par la réalisatrice du film Naomie Kawase, accouche. Sous les yeux de son fils, soutenue par son mari, elle fait passer à travers le prisme de l'objectif toute la plénitude qui l'envahit. La séquence est courte, mais très belle. Et elle apparaît encore plus forte quand on sait que la cinéaste a choisi de mettre au monde son propre enfant de la même façon. Son accouchement apparaît d'ailleurs dans un documentaire qu'elle a réalisé en 2006, "Naissance et maternité", que je n'ai malheureusement pas encore eu l'occasion de voir.
Et puis il y a bien sûr "L'odyssée de la vie", le documentaire de Nils Tavernier. Le cinéaste a suivi un couple sur toute la durée d'une grossesse, mariant les sentiments exprimés par les deux futurs parents avec des images de synthèse de l'enfant, le tout sur fond de musique lyrique. Le résultat n'est pas parfait, mais a le mérite d'appréhender l'enfantement globalement, dans toute sa temporalité. À ce titre, "L'odyssée de la vie" est d'ailleurs plus un film sur la grossesse que sur la naissance, deux moments intimement liés mais différents.
Ces films ou ces séquences présentent des visions parfois contrastées de l'enfantement. Mais chacune témoigne d'un profond respect, parfois même d'une fascination, pour cette fabuleuse période. Et toutes ces œuvres ont su éviter de verser dans le voyeurisme ou, à l'inverse, l'excès de pudibonderie pour laisser filtrer, intangible, le caractère sacré de la naissance d'une vie.
Encore une fois, n'hésitez pas à indiquer des films présentant de belles naissances dans vos commentaires.