En avril dernier, François Bon nous avait averti de l’opération Lutz Bassmann et du cas de bilocation exotique dont souffre apparemment (pour certains en tout cas) Antoine Volodine. J’avoue que sur le coup, je n’avais pas su quoi en penser. N’ayant rien lu du premier, et du second que son magistral dernier roman, Songes de Mevlido, je m’étais abstenu de statuer sur la polémique.
Voilà que le Magazine littéraire publie en tête de son cahier critique du mois de juin une double page consacrée aux deux livres de Lutz Bassmann, Avec les moines-soldats et Haïkus de prison, publiés tous deux aux Éditions Verdier. La critique est signée Jean-Baptiste Harang. C'est donc lui qui a écrit ces deux phrases :
« Volodine ne fait rien pour convaincre qu’Antoine Volodine existe, que ce nom est le sien, qu’il n’en porte aucun autre, ni que personne d’autre ne le porte, ni même qu’un homme puisse assumer à lui seul l’invention formidable d’une littérature. »
« Et voici donc que Lutz Bassmann se lève et se révèle le véritable auteur de l’œuvre de Volodine et, à la lecture des deux livres qu’il signe de son nom, notre admiration lui est acquise, avec la peur de le croiser. »
Antoine Volodine serait-il donc un hétéronyme parmi tant d'autres de l'entité post-exotique, cette hydre littéraire ? Puisque rien n'est sûr, puisque l'indétermination est maximale pour cause de post-exotisme, on est bien en peine de trancher, à part sur l'urgence de découvrir ces deux auteurs.