Tête haute, de Joël Jouanneau, par le Collectif MxM (3)

Joël Jouanneau travaille avec le Collectif MxM et Cyril Teste depuis plusieurs spectacles. Il faut donc que je m’arrête un peu à la forme que prend celui-ci. L’utilisation des nouvelles technologies, des outils de notre « ère numérique », est donc partie prenante de cette création. L’étang de chiffres où l’on risque de se noyer, c’est alors l’environnement des enfants d’aujourd’hui. Le travail remarquable de l’image ici donne quelques pistes pour une poésie qui ne serait pas faite que de mots, mais s’en nourrirait. Ainsi, quand le dictionnaire des verbes commençant par une voyelle est ouvert, les lettres s’affichent sur l’écran, semblables aux papillons, et dessinent des nuages et des arbres. Et l’image elle-même parle. Quand sur l’écran apparaît pour la première fois la fille, elle n’est qu’une ombre immobile, comme le sont les images des livres. Puis elle s’anime. Et on attendra son retour. La mise en scène donnera ainsi une grande profondeur au récit : il y aura les couleurs devant l’écran et l’ombre derrière, ombre de l’enfant parce qu’elle sera toujours entre la lumière et nous, comme son nom l’indique, Eklipse. Pourtant elle ne cache pas, elle se révèle. Nous sortons de la salle émerveillés, éveillés. 

J'ai vu ce spectacle au Théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine (94). D'autres articles ici et ici.