Soubresaut

Par Meta

Pourquoi ce silence ? D'aucuns diraient "moins de temps", comme lorsque notre meilleur ami nous affirme qu'il ne nous a pas contacté parce qu'il n'a pas eu le temps. Vaste blague asservie à la politesse de rigueur. Je ne le dirai pas de façon polie. Je dirai donc que je n'ai pas pris ce temps, que je n'ai pas eu l'envie de rédiger de billets dans ces douze mois d'absence. Un peu moins de films vus tout en ayant la fringale de l'écriture, la disparition de l'effort de rédaction sur ce mur provient d'une double détermination : celle de l'éventualité de l'inutilité de l'entreprise et celle de la perte d'unité de l'ensemble. La première n'est pas réellement un problème, elle habite tous les écrivains, peintres, artistes de tout poil à chaque moment de latence dans leur production : "à quoi cela servira-t-il ?", "qui me lira ?", "eux ?", "et si ce ne sont pas les bons lecteurs ?", et ainsi de suite... Interrogation dangereuse pour qui se projette hors de son espace de création mais nécessaire perspective pour celui-là même qui demeure à l'affût de la progression de ses entreprises ; le doute est donc une des conditions d'un travail soucieux de se renouveler. La deuxième est plus problématique puisqu'elle interroge le bien-fondé du dispositif qui soutient la démarche du présent blog. Ce qui faisait son caractère à sa création n'était plus présent dans les billets publiés trois ans après, et ce qui fut publié il y a un an ne ressemble pas exactement à ce qui serait publié aujourd'hui. Faut-il donc changer le dispositif ? Ou bien conserver le même en posant que les lecteurs pourront ainsi s'enquérir d'une évolution et, à défaut d'aimer une partie, en apprécier une autre ? Au vu du manque de moyens pour diffuser de la critique et de l'analyse, des billets pétris de jugements (justes ou non), considérant le fait que la philosophie ne peut être opérante, hors du net, que par le biais de conférences ou de livres, et que ces deux biais apparaissent infiniment plus stériles et inefficaces que la production d'espaces de réflexion sur le support numérique, il semble que la poursuite du support de blog soit la plus légitime. Et sinon quoi ? Un site, un espace de centralisation d'un certain type de pensée, une encyclopédie matérialiste, un truc du genre, que nous sommes plusieurs à avoir en vue et en envie, une plateforme numérique pour diffuser, penser et proposer, voire échanger ; c'est là un projet, cela devrait venir. Et pour l'heure, on peut espérer continuer sur ce support anodin mais qui a l'ambition d'être utile, au moins à son auteur pour qui il a une valeur. Personne ne s'est étonné de son abandon ponctuel alors même que beaucoup se manifestaient par le biais de mails directement adressés à l'auteur lorsque celui-ci y écrivait ; il n'y était plus, ils sont passés à autre chose, en ont visité un autre ; pourquoi s'étonner de ne voir personne lorsque sa villa n'est plus éclairée ni ouverte au public ? Si celui-ci vient à passer, il trouvera une porte entrebaillée, puisque... tiens... oui, voilà un nouveau billet. Un autre alors... sous peu...