Tout près de Paris, la commune d'Ermenonville abrite un trésor du passé: le parc Jean-jacques Rousseau...
C'est en 1762, à la mort de son grand-père René Hatte que le marquis René de Girardin hérite du domaine d'Ermenonville.
féru de sciences et de philosophie, à l'instar de nombreux esprits lettrés du siècle des Lumières, il imagina un jardin qu'il voulait universel, où chacun, au gré de la promenade puisse être ému par la beauté de la Nature sans artifice. Il puisa son inspiration dans le roman épistolaire La nouvelle Héloïse de Rousseau et se fit aider par le peintre et paysagiste Hubert Robert...
"Le jardin, le bon ton, l'usage
Peit être anglais, français, chinois;
Mais les eaux, les prés et les bois,
La nature et le paysage,
Sont de tout temps, de tous pays:
C'est pourquoi, dans ce lieu sauvage,
Tous les hommes seront amis,
Et tous les langages admis."
René de Girardin.
C'est le jardin où paradoxalement, le travail de l'homme ne se voit pas: toute l'illusion est là, dans le naturel recréé par le biais de vallonnements, de bosquets qui cachent pour mieux révéler par la suite, d'allées sinueuses pour réserver toute la surprise au promeneur.
C'est un jardin dit "à l'anglaise", sans perspectives rectilignes, sans symétries et parterres de buis taillés, sans "broderies", en totale opposition aux jardins classiques dont Le Nôtre fut le maître.
Le marquis proposait un cheminement à travers les bois et les prairies comme une allégorie de la connaissance et de la quête de vérité...
Ici, nous voici dans la grotte en contre-bas des jardins. Celui qui y mène ses pas fera le chemin allégorique de la connaissance et de la quête des lumières de la raison et de la vérité: l'escalier, aux marches irrégulière, la voûte basse obligeant à se courber débouchent sur la lumière...
Les symboles maçonniques sont présents à une époque où la maçonnerie passionnent les esprits philosophes et où les premières loges ouvrent en France.
Tout aussi allégorique encore, le temple de la philosophie dont le toit est à ciel ouvert, comme inachevé pour symboliser la quête sans limite et l'ouverture vers l'infini, sans limites.
Les colonnes du temples sont érigées au nom d'un des grands esprit du siècle: Newton, Voltaire, Montesquieu...
D'autre part, le marquis de Girardin voulait mettre en scène l'activité humaine à travers de petites fabriques illustrant le projet d'un nouvel espace social où l'homme vivrait en harmonie avec son milieu naturel. Ils permettaient d'ailleurs aux paysans de venir faire paître les troupeaux dans la prairie d'Arcadie et valorisait ainsi le travail de la terre et la figure du paysan.
Ce jardin connaîtra la renommée lorsque le philosophe et herboriste Rousseau viendra s'y promener et se livrer à la rêverie en contemplant le lac...
Il est accueilli sur le domaine le 20 mai 1778 et y mourra dans la paix le 3 juillet de la même année.
Il sera enterré dans l'île des Peupliers: c'est le début du pélerinage au tombeau de Rousseau...
Ses cendres seront transférées au Panthéon en 1794 auprès de celles de Voltaire...
Marie-Antoinette sera particulièrement sensible à ce jardin d'un goût nouveau et viendra s'y reposer loin du faste de la cours et de "l'étiquette"en 1780.
Pendant l'épisode de la révolution, le marquis assiste, impuissant, à la lente détérioration de ses jardins livrés aux inondations et aux actes de vandalisme.
En 1878, le domaine, composé du château et du parc nord et sud sera propriété du prince Constantin Radzivill.
En 1930, le château, le tombeau de Rousseau et le temple de la philosophie sont inscrits aux monuments historiques...
C'est le Touring Club de France qui rachète le parc sud et le sauve d'un projet immobilier en 1938.
Depuis 1985, le parc est administré par le conseil général de l'Oise. Quant au château, il est propriété privée en tant que Relais et Chateaux de France.
Et, pour la petite touche culturelle, le film Les Visiteurs a été tourné dans le château...Le marquis aurait adoré...
Parc Jean-Jacques Rousseau
60950 Ermenonville