Dur réveil pour The Big C. L'état de grâce des débuts est clairement terminé. Mais qu'est-il arrivé à la série pour qu'après 2 saisons fort réussies, la série se vautre autant? Oui, se vautre, carrément. Mes mots sont durs mais ils sont à la hauteur de ma déception. Le premier gros problème de cette saison, il me semble, a été d'oublier le cancer. Le sujet est au centre de la série et pourtant il s'est retrouvé presque complètement laissé de côté cette saison, Cathy allant mieux. Certes, la nouvelle offre un beau premier épisode et une prestation d'une infinie justesse à Laura Linney mais passé cela, on se demande si la série sait encore de quoi elle parle. Bien sûr la tentative de Cathy de redonner un sens à sa vie aurait pu être intéressante... malheureusement, elle tourne vite au n'importe quoi, avec comble du comble, une Cathy qui arrive à se rendre détestable d'égoïsme et d'inconstance. Au fond, peut-être l'était-elle déjà un peu, égoïste... mais ça ne m'avait jamais plus gêné que ça précédemment, ni trop sauté aux yeux. Cette saison, entre le passage chez la guide spirituelle, Joy, ou l'intrigue de l'adoption, difficile de passer à côté. En plus de ça, la série a souvent manqué de subtilité pour narrer le parcours de Cathy et donc préféré favoriser l'humour et le too much au détriment de la simplicité et de l'émotion qui faisait auparavant sa force. Quelques moments néanmoins retrouvent ces qualités des premières saisons, notamment dans le final qui bien que très brouillon, me ferait presque pardonner les errements de la série avec cette jolie idée de laisser Cathy en tête à tête avec un pêcheur portoricain. Pour le reste, l'écriture laisse grandement à désirer. Je reviens sur l'histoire de l'adoption mais, mise à part la présence de Mamie Gummer (et encore), elle n'avait définitivement rien pour elle. Totalement incongrue, prévisible, elle est plus conclue de façon expéditive et poussive. Et que dire du sort réservé à cette chère Joy? Un twist plus grotesque que surprenant ou émouvant. Au bout du compte, j'ai eu l'impression que la série a voulu augmenter sa part de comédie mais que ça ne collait pas avec son identité. Si bien que ça m'a paru plus forcé que naturel. La série se trahit d'autant plus que cela va à l'encontre du schéma de thèmes saisonniers annoncé par la créatrice, cette 3e saison devant logiquement parler de la dépression.
En même temps, dès le début, il y avait un gros indice de l'abandon de ce schéma avec Paul. Je veux dire, si la série voulait vraiment placer cette saison sous le thème de la dépression, il n'y avait pas meilleur moyen que de commencer avec la mort du mari de Cathy. Cette résolution aurait de plus donné davantage d'impact au terrible cliffhanger final de la saison 2. Mais The Big C n'a vraisemblablement pas eu de cran et sûrement craint d'adopter un ton plus sombre en se rétractant sur la mort annoncée de Paul. Après, sur le coup, je reconnais que j'ai été heureux de voir Paul échapper à ce destin funeste. C'est un personnage attachant, il donne encore diverses opportunités de se marrer et Oliver Platt aurait aussi été une sacrée perte. Mais rétrospectivement, je me dis qu'il aurait peut-être mieux fait d'y passer. Surtout quand je vois ce qu'il a été fait de lui. Autant son histoire de blog était sympathique au début, autant au contact de la fameuse Joy, ça a peu à peu déraillé. Sûr, cette dernière reste un personnage qui en impose et Susan Sarandon est extraordinairement charismatique... mais elle a quand même bien pourri la saison au final. La transformation de Paul en grand gourou qu'elle tente d'opérer a ses quelques moments funs mais devient vite difficilement crédible. ça ruine aussi Paul qui derrière sa "sagesse" sur la vie qu'il dispense, devient finalement très égoïste et obsédé par son succès, perdant donc toute cohérence. Et le pire, c'est que les auteurs n'ont pas pu s'empêcher d'injecter un soupçon de tentation amoureuse, achevant de rendre Paul et Joy détestables. Effet collatéral, le couple Paul/Cathy, déjà plutôt délaissé cette saison, se retrouve dès lors précipité vers une nouvelle crise dont on se serait bien passé. D'une part parce que ça donne juste l'impression de revenir en arrière et d'autre part parce que c'est en tant que duo complice que Paul et Cathy fonctionnent le mieux.
Le bilan n'est sinon guère meilleur du côté des personnages secondaires restants. Sean apporte certes toujours pas mal d'humour, notamment avec sa mini-intrigue de téléphone rose gay, mais il ne sert bien plus qu'à ça. Alors qu'il avait bien plus de matériel les saisons précédentes et que Benjamin Hickey pouvait passer par une bien plus grande palette d'émotions, il est devenu un électron libre souvent isolé des autres cantonné à un rôle de trublion. Il se transforme un peu en Andy des premières saisons de Weeds en fait. Et là encore, ce surplus d'humour peut parfois sembler forcé et inapproprié et finir par tourner au ridicule comme avec cette affaire de ménage à trois... qui pourtant avait du potentiel au départ. Je suis toutefois encore plus déçu par Adam et Andrea (Ababu?). Le premier, après une vraie évolution la saison dernière a dérivé totalement pour redevenir antipathique avec un trip religieux qui sonne plus comme une blague qu'autre chose (et dont on se contre-fout) et un retour poussif au conflit avec sa mère. La seconde, quant à elle, à part sortir quelques rares répliques cinglantes et devenir le toutou de Paul, n'a plus aucune utilité. Ce qui les a tout de même sauvé, c'est l'amitié qu'ils ont l'un pour l'autre qui reste intacte et qui a fourni quelques (rares) sympathiques scènes de complicité et d'humour.
En conclusion, de grands WTF moments, des personnages plus lunatiques que jamais, des intrigues sans lendemain, The Big C s'est essayé cette saison à un virage comique et laissée aller à un peu de surenchère. Mais The Big C n'est pas Weeds, et forcément quand une série originellement sobre, simple et sombre tente ce genre de mutation, elle va droit dans le mur. Enfin, j'admets qu'au final il y a quelques meubles qui ont été sauvés, surtout grâce aux prestations du cast et particulièrement de Laura Linney, mais dans l'ensemble, cette 3e saison reste pour moi une immense déception.