J'ai commencé à 16 ans, j'en ai maintenant 31.
Cela fait presque 2 ans que j'ai arrêté de fumer, et 1 an que l'envie ne me perturbe plus, vraiment plus du tout.
Comment j'ai fait ? Comment je l'ai vécu ? Qu'est-ce que j'en ai retiré ?
Pendant 2 ou 3 ans, j'ai vainement tenté de diminuer ma consommation de cigarettes. 5 par jour, 3 par jour, et même une par jour. J'y arrivais, parfois pendant plusieurs mois, mais le fait d'en avoir toujours sous la main, de ne jamais prendre la décision ferme d'arrêter avait pour conséquence fatale que je réaugmentais ma consommation à la moindre occasion (fête, souci perso ou pro...). Je suis, à l'inverse, arrivée à un paquet par jour, ce qui est énorme pour moi. Et pourtant, tousser, cracher, avoir régulièrement la gorge prise, je connaissais et je savais que ça venait en grande partie de la cigarette.
Et puis un jour, j'ai eu 29 ans, vous savez, cet âge qui précède les fameux 30 ans auxquels on fait un bilan ou des projections. Eh bien ça m'a aidée, ça m'a poussée à me dire que je ne voulais pas continuer à fumer après 30 ans. Que près de 15 ans de cigarettes, ça commençait à bien faire. Que bientôt, j'allais vouloir des enfants et qu'il n'était pas question que je fasse subir la douleur du sevrage à un enfant, dans mon ventre.
Cette idée, je l'ai eue un jour, elle a continué à cheminer dans ma tête sans que j'y pense forcément.
Puis mes 30 ans sont arrivés. J'ai fait une grosse fête, je me suis amusée, j'ai fumé et 3 jours après, je jetais mon dernier paquet et mon briquet dans une poubelle publique et je partais pour une semaine de vacances dans le sud, avec mon ami, coupée de ma vie quotidienne, de mon stress, de mes habitudes...
Et me voilà 2 ans après, a priori sevrée (je dis " a priori " car tout le monde dit que c'est un combat de toute la vie alors...).
Pendant les vacances, ça a été évidemment parfait. Pas d'envie, que des causes de réjouissances, de détente...
A mon retour, j'avais encore 3 mois avant les vacances. Trois mois à éviter le coin fumeur, à ne plus prendre mes pauses avec mes amis fumeurs, à changer mes habitudes et mon rythme de travail. Trois mois d'efforts, de remise en question de la manière dont je travaillais depuis 5-6 ans... Et, avec le temps et les changements d'habitudes et de relations, j'ai vite constaté que j'étais bien moins speed, que je pouvais prendre le temps de discuter avec les élèves, avec les collègues, au lieu de courir prendre un café et une cigarette.
A la maison, comme mon ami ne fume pas, tout allait bien. Cela dit, avec du recul, je pense avoir compensé avec la nourriture car j'ai pris 4 kg en 1 an. Par contre, il est vrai que plusieurs fois, j'ai rêvé, la nuit, que je fumais. A chaque fois, je m'en voulais et le réveil n'était vraiment pas agréable...
Pour les sorties, j'ai beaucoup d'amis qui ne fument pas, donc ça a facilité les choses. Pour les autres, ils ont fait preuve d'un grand tact et d'un grand respect pour ma décision et ne fumaient pas devant moi. J'avouerais que l'interdiction de fumer dans les cafés et restaurants a eu du bon également ! Vous vous rendez compte que l'hiver précédent mon arrêt de la cigarette, je sillonnais Paris avec ma meilleure amie à la recherche d'un café ayant une terrasse chauffée ???! Maintenant que j'y repense, je me dis que j'étais vraiment grave...
Malgré tout, l'envie de fumer était quand même présente. Au début, j'y pensais tous les jours. Puis, ça m'arrivait parfois quand un collègue allait au " fumoir " pendant la pause. J'avais aussi envie d'une cigarette après un bon repas, ou au moment de l'apéro, l'été, pour accompagner le verre de rosé. Mais tout cela, c'étaient des habitudes, or, les habitudes, ça met un certain temps à changer...
Les rêves de cigarette ont disparu, totalement.
Les envies également. Aux anciennes habitudes, accompagnées de cigarettes, ont succédé de nouvelles habitudes, différentes mais qui m'ont aidé à ne plus avoir besoin de fumer. Par exemple, au boulot, au lieu de me détendre un café et une cigarette en mains, je prenais un café ou un thé, accompagné de quelques pages de romans. De même, j'ai appris à me défouler non plus avec le paquet de cigarettes le soir, mais avec une heure de gym à la maison...
A présent, mes amis peuvent fumer devant moi, à côté de moi, dans la même pièce, je n'y fais plus attention et même, je ne pense plus que j'étais anciennement fumeuse et que j'aurais pu partager ce moment avec eux. Ça m'est sorti de la tête et c'est amusant de le constater en écrivant ce billet.
Une décision soudaine, un arrêt brutal, sans transition, accompagnée d'une brève coupure avec mon monde et mes habitudes de fumeuse.
Un retour à la réalité avec un esprit plus serein et la conscience qu'en plus de cet arrêt, je devais modifier mes habitudes, mon rythme..., réfléchir à un plan d'action, finalement.
Un soutien physique : le sport, pour me défouler et me vider la tête, et bien sûr, compenser la prise de poids due à l'arrêt de la cigarette.
Un soutien moral : The homme, mes amis, ma famille, qui prenaient des nouvelles, qui me soutenaient, ou me remontaient les bretelles aux bons moments...
Une prise de conscience : on peut changer beaucoup de choses dans notre vie, en ayant la volonté de le faire, certes, mais surtout en sachant comment le faire, par quelles étapes on passera, quelles difficultés consécutives on devra affronter (et comment) et quels soutiens on pourra exploiter.