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Jean-François Cail

Publié le 12 mars 2012 par Llachery @vestigesmaore

Jean-François Cail

In "Exposition universelle de Paris 1898. Catalogue général descriptif de l'exposition. Section française. (1e édition). 1878".

CAIL ET compagnie

15, Quai de Grenelle, 15 - PARIS

-La fondation de cette importante maison remonte à environ soixante ans. Pendant longtemps elle a été connue sous la raison Derosne et Cail, du nom de son fondateur leu M. Charles Derosne qui, au bout de quelques années, s'était associé M. J. Cail. C'est alors qu'elle a commencé à acquérir ce prodigieux développement qui lui a assuré une place hors ligne en tète de la grande industrie française.

Il n'y a pas de machines, de moteurs ou d'outils que la maison Cail ne puisse construire, cependant on peut dire que ses différentes spécialités sont principalement les suivantes: appareils et machines de sucrerie, de distillerie, de meunerie, de huilerie, de forges, d'extraction et lavage de la houille; ma­tériel de chemins de fer, tant fixe que roulant, ponts en métal de toutes dimensions et de toutes formes, locomobiles et machines-outils, presses mo­nétaires , bateaux a vapeur pour fleuves, moteurs à vapeur ou hydrauliques pour les industries les plus diverses. C'est petit à petit, et par la force naturelle des choses, que ces spécialités se sont greffées les unes sur les autres et ont formé un faisceau peut-être unique dans le monde. La cons­truction d'une portion notable de la charpente en fer du Palais de l'Exposition de 1878 a été confiée à la maison Cail.

IMPORTANCE.

- La maison Cail possède en France des établissements où elle occupe plus de 2,500 ouvriers. Elle possède en outre à Bruxelles et à Amsterdam des ateliers importants où travaillent en moyenne 1,000 ouvriers. La somme des travaux exécutés est environ de 20 millions par année, dont plus de la moitié, (60 %) ont été exportés.

Pour créer cet exceptionnel mouvement d'affai­res , elle a fondé des dépôts de machines dans un grand nombre de pays lointains ; en Russie, à Saint- Pétersbourg, à Moscou, à Odessa, à Kiev, à Sméla, à Kàrkowj, aux Antilles, à la Havane, à la Marti­nique, à la Guadeloupe et à Porto-Rico; dans l'Océan indien, à Bourbon et à Maurice, et enfin jusqu'à Java, dans les îles de la Sonde.

- En 1813, M. Charles Derosne inaugura l'emploi du noir animal dans les raffineries de sucre de canne. L'application de cet agent décolorant au sucre de betterave permit de développer en France la fabrication du sucre indi­gène, Elle eut également une grande influence sur la transformation de nos cultures et doit être con­sidérée comme un des plus grands progrès de l'industrie nationale. Cette innovation suffirait donc à elle seule pour créer la maison Cail des droits ineffaçables. Elle fut réalisée en collaboration avec M. Julien Dumont.

Mais, en raison du prix élevé et des quantités assez notables de noir animal que demandaient la fabrication et le raffinage, la betterave avait du mal à lutter contre sa sœur ainée, la canne à sucre. MM. Rousseau frères cherchèrent à supprimer les noirs en soumettant les jus sucrés à l'action suc­cessive de la chaux et de l'acide carbonique. La maison Cail unit ses efforts à ceux de ces chimistes; depuis lors, le procédé do laboratoire a lait ses preuves; son efficacité est reconnue et il est suivi dans un grand nombre de fabriques.

Deux autres chimistes trouvèrent que le procédé de MM. Rousseau, était loin de produire tous les résultats que l'on pouvait attendre de leur .système, en employant la chaux et l'acide carbonique d'une façon plus méthodique.

L'application en grand de ce nouveau procédé exigea le concours de constructeurs habitués de longue main aux manipulations du système primitif. Un accord intervint entre la maison Cail et les inventeurs; les résultats qu'on obtint dans les usines justifièrent les espérances que les premiers essais en petit avaient fait conce­voir ; le noir qu'on avait cru indispensable à la fa­brication et au raffinage ne sert plus que comme filtre mécanique; il n'est plus qu'un accessoire de peu d'importance. Le raffinage lui-mème diminua singulièrement d'importance, car les fabriques de sucre brut, employant ce procédé, produisent des sucres assimilables aux raffinés et livrables direc­tement à la consommation.

Chargée d'installer des sucreries complètes, la maison Cail a établi une série de modèles de mou­lins , de râpes et de presses hydrauliques. Son atten­tion s'est surtout dirigée sur l'évaporation des jus sucrés et la cuite des sirops, opérations qui néces­sitent des dépenses de combustible considérables, puisqu'on doit éliminer 80 à 90 % d'eau. Souvent même une partie du sucre est rendue incristallisable par l'application d'une trop forte chaleur. La maison Cail a produit dans l'industrie des ap­pareils à triple effet s opérant dans le vide, disposition qui supprime radicalement cette cause de perte, car elle permet d'opérer la séparation de l'eau à une basse température. La moitié du combustible se trouve de plus économisée, Mais Cail et Cie ont également construit un .système d'ap­pareils à cuire, basé sur les mêmes principes.

En résumé, les générateurs tubulaires que la maison Gail a créé pour les besoins des industries diverses, ses appareils d'évaporisation et de cuite , ont réduit la consommation du combustible au tiers de ce qu'elle est encore dans les fabriques installées suivant les anciens systèmes.

La maison Cail a donné son concours à la So­ciété Rohlff, Seyrig et Cie, propriétaires de brevets pour l'application de la force centrifuge à la pur­gation et au clairçage des sucres. L'appareil Derosne pour la distillation continue est encore celui qui est le plus estimé ; il n'a subi que quelques modi­fications de détail.

La maison Cail ne se borne pas à perfectionner toutes les parties de l'industrie sucrière, elle fut de plus une des premières à introduire en France la construction du matériel fixe et roulant des chemins de fer, dès 1840, de grands travaux lui étaient confiés: aujourd'hui plus de 1,500 locomotives sont sorties de ses ateliers ; elle a la construction ex­clusive de plusieurs types, et en particulier du système Crampton. Parmi ses systèmes brevetés nous citerons les locomotives à six roues accouplées dont les essieux peuvent se déplacer de manière à franchir sans dérailler des courbes du plus faible rayon.

Les locomotives Cail figurent dans le maté­riel de toutes les grandes lignes,non-seulement de France, mais encore d'Egypte, d'Espagne, d'Italie et de Russie.

La longue expérience acquise dans la construction des locomotives et des générateurs tubulaires mena à la création d'un type de locomobile mettant toutes les qualités des machines fixes la disposi­tion des industries nomades ; un grand nombre de modèles de toutes grandeurs animent une mul­titude d'usines (volantes) et mettent la vapeur à la disposition de l'agriculture. Nul doute que la con­struction des machines à tramways et des loco­motives routières ne viennent associer le nom de la maison Cail à, l'inauguration d'une ère nouvelle dans l'industrie des transports.

Après avoir perfectionné successivement toutes les parties du matériel des chemins de fer, la Société Cail a été conduite à s'occuper des pièces métalliques nécessaires à leur construction ; elle a acheté, il y a une quinzaine d'années, les ateliers de la Com­pagnie des ponts, situés à Grenelle ; elle les a ré­organisés et installés de nouveaux outils pour la construction de charpentes de gares, de réservoirs d'eau, etc. De gigantesque charpentes métalliques forgées dans ses ateliers sont répandues dans toutes les parties du monde. Amenés par les besoins de leur propre fabrication à construire pour leur usage les meilleurs systèmes de machines-outils, les établissements Cail ont établi des séries de modèles de machines à percer, rabotter, mortaiser, poinçonner, cisailler, dont ils ont fait bénéficier l'industrie universelle.

Si lès bienfaits de la mécanique se sont répandus en Orient et surtout au Japon, c'est à la maison Cail qu'en revient particulièrement l'honneur. Sans elle, les usines de Russie et des Principautés Danubiennes n'auraient pu se fonder. Elle a joué un rôle prépon­dérant dans la mise en valeur, du plus grand empire du monde.

- La maison Cail a figuré avec honneur dans toutes les Expositions nationales. En 1819, médaille d'argent ; en 1827, médaille d'or ; en 1843, médaille d'or et croix de la Légion d'hon­neur à M. Derosne ; en 1839, médaille, d'or ; en 1844, médaille d'or et croix de la Légion d'honneur à M. Cail, en 1849, rappel de la médaille d'or et croix de la Légion d'honneur à M Rouel, ingénieur des établissements.

La maison Cail n'a pas été moins heureuse à l'étranger ; en Belgique, elle a.obtenu, à l' Exposi­tion de 1843, une médaille d'or ; à l'Exposition de 1848, une médaille d'or et la croix de Léopold pour M Hablot, directeur des établissements de Bru­xelles. En Hollande, on lui a décerné, en 1849, une médaille d'or.

Elle a brillé dans les grandes Expositions inter­nationales ; à l'exposition de 1851, elle obtenait à Londres, une grande médaille d'or.

A l'Exposition de 1855, Paris, MM J.-F. Cail et Cie obtenaient: 1° une grande médaille d'honneur . 2° une médaille de la Commission impériale pour MM J.-F. Cail ; une croix de la Légion d'honneur pour MM Cheilus, l'un des directeurs; 4 g une croix de la Légion d'honneur à M. Jacques Cail ; 5°des médailles de première classe pour les directeurs des diverses succursalles et des médailles de seconde classe à un grand nombre de contre-maîtres et d'ouvriers à titre de collaborateurs. Lo Moniteur constate officiellement que la maison a rendu aux chemins de fer des services exceptionnels par l'importance et la qualité des locomotives, et à l'industrie des sucres par' la variété et la supériorité de ses appareils. MM. Lechatelier, ingénieur des mines, citait, dans sqii rapport sur la classe 5, une machine Crampton, qui, sortie des ateliers de la maison Cail dès 1849, était encore en bon état, après avoir par­couru 420,000 kilomètres.

A l'Exposition de Londres, en 1867, la maison Cail obtint la grande médaille unique, et la croix d'officier de la Légion d'honneur fut décernée à AI. Cail, à la suite d'un rapport de MM.Eugène Flachat, conçu dans des termes exceptionnellement flatteurs.

Enfin, à l'Exposition du Champ-de-Mars, en 1867, la maison obtint trois médailles d'or : une pour le matériel des chemins de fer, une pour les ponts métalliques, et une pour machines et appa­reils, de sucreries ; chacune des trois spécialités de la maison avait, donc reçu, dans cette occasion solennelle, une récompense également brillante.


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